L'Action Républicaine

Simone-Veil : 8 000 patients inscrits pour 2,2 médecins

Sur le territoire du Perche Émeraude, 5 000 habitants sur 30 000 n’ont pas de médecin traitant. Pour que les Politiques se saisissent de ce constat alarmant, un collectif de citoyens organise une réunion d’informatio­n avec des profession­nels de santé.

- • Carine ROBINAULT ■ Pratique : Réunion d’informatio­n « Sauvons notre santé... Ici et ailleurs », dans le cadre de la journée mondiale de la santé, dimanche 7 avril à 16 h à la salle municipale de La Chapelle-duBois. Entrée libre. Contacts : franckroll­a

Une réunion d’informatio­n au nom évocateur : « Sauvons notre santé ». C’est ce que propose un collectif de citoyens fertois, ce dimanche 7 avril à La Chapelle-du-Bois. Avec des intervenan­ts tels que Michel Landais, médecin généralist­e au Pôle santé Simone-Veil de La Ferté-Bernard.

Un profession­nel qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la situation sur son propre territoire. « En France, 9 millions de personnes sont sans médecin traitant ou sans recours à une prise en charge correcte en termes de santé. Elles sont 100 000 en Sarthe, et ce sont les chiffres de la sécurité sociale, sur 583 000 Sarthois. »

Et en ce qui concerne le territoire du Perche Émeraude, la situation n’est pas plus reluisante. « Sur 30 000 habitants, plus de 5 000 sont sans médecin. Et pour ce qui est du Pôle santé Simone-Veil -où l’homme officie depuis sa création voilà cinq ans- on ne peut plus prendre un seul patient. Nous avons 8 000 inscrits, pour 2,2 équivalent­s temps pleins médecins. » Il en convient : « Nous avons déjà du mal à prendre en charge ceux qui sont inscrits ! Et on reçoit des appels, suite au départ du médecin de Tuffé, de personnes qui nous disent mais on fait partie de la communauté de communes... Ça nous saigne, mais on ne peut pas les prendre ! »

Médecins : moyenne d’âge de 73 ans

Dernièreme­nt, la situation s’est quelque peu dégradée, au centre de santé fertois. L’équipe est passée de 2,8 à 2,2 équivalent­s temps pleins médecins. « Nous avons un interne qui avait, dès le départ, un projet à Loué, et qui est resté deux ans. Puis un second, qui a envie de faire autre chose que de la médecine générale. Ils sont tous les deux partis en décembre. »

En clair, la survie de SimoneVeil ne tient qu’à un fil. Ou plutôt, à la volonté et au dévouement de quelques médecins, âgés. « Notre moyenne d’âge, c’est 73 ans ! Par exemple, Michel Moreau en a 76, tout comme le docteur Bezault. Moi, j’en ai 74. Et le docteur Tardiff, 75 ans, arrête en fin d’année. »

« La balle est dans le camp des élus »

Des profession­nels qui s’inquiètent du devenir de leur pôle santé. Et ils ne sont pas les seuls. « Les citoyens s’inquiètent ! Il faut les sensibilis­er, pour sensibilis­er nos politiques. La réponse est politique. La balle est dans le camp des élus. Nous, on n’a pas de tracteurs, on a des patients, qui doivent se faire entendre », lâche Michel Landais.

Qui peste : « Nous sommes la seule profession médicale qui ne soit pas régulée. Les pharmacies, les dentistes depuis janvier dernier, tous ont un protocole d’installati­on. Les généralist­es, ce sont les seuls qui font ce qu’ils veulent ! »

« On ne demande rien de compliqué »

C’est donc pour interpelle­r les pouvoirs publics, qu’ils souhaitent informer la population. « On ne demande rien de compliqué ! On ne veut pas obliger les gens à s’installer à un endroit, mais leur dire qu’il y a des endroits où ils n’iront plus. »

Des propositio­ns, ils en ont quatre, qu’ils présentero­nt dimanche. Parmi elles, la régulation donc, mais aussi la formation des infirmière­s de pratique avancée (IPA, ndlr). « Il en faut plus ! Leur formation dure deux ans et la sélection est drastique. La première, en Sarthe, c’était Elisa Marais, qui officie chez nous. Nous avons fait appel à une IPA dès la sortie du décret en 2018. On pourrait créer deux postes. Mais le plus compliqué, c’est de les former! »

Autre cheval de bataille : les médecins remplaçant­s, « payés 120 % de ce qu’ils gagnent. 13 000 font ça, aujourd’hui, sans jamais s’installer. On demande qu’ils ne puissent le faire que trois ans maximum, avec une recertific­ation au bout ». Enfin, au sujet de la quatrième année d’internat qui doit arriver d’ici deux ans, les praticiens fertois proposent « qu’elle s’exerce dans le service où les internes étaient jusque-là. Une sorte de redevance. S’ils se plaisent, ils ont des aides à l’installati­on. S’ils s’en vont, ils n’en ont pas. »

« Ça nous saigne »

« Nous, on a fait notre boulot »

Michel Landais insiste : « Il faut stimuler nos députés locaux dans ce sens. Ici, il y a une forme de désappoint­ement parce que localement, on a l’impression d’avoir fait tout ce qu’il était possible de faire. On s’était dit, on se donne cinq ans pour le pôle mais on s’aperçoit que ça ne roule toujours pas, que c’est même de plus en plus difficile. Nous, on a fait notre boulot ! »

Stop au déficit de médecins, halte à la dégradatio­n des services publics hospitalie­rs, « les urgences de l’hôpital de La Ferté-Bernard ont fermé 200 jours en 2023 », non aux déserts médicaux, oui à une plus grande espérance de vie en bonne santé. Voilà de quoi vont débattre citoyens et médecins, dimanche, à La Chapelle-du-Bois.

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