Collagiste, il froisse, déchire et peint sur des affiches
Entre pop art et street art, l’artiste collagiste Yann Penhouet expose une partie de son travail à la galerie Art Moteur de Nogent-le-Rotrou jusqu’au 12 mai.
Plutôt Pop artiste ? Street artiste ? Yann Penhouet, actuellement exposé à la galerie Art Moteur jusqu’au 12 mai, se positionne entre ces deux styles. « Le pop art pour les différents thèmes et sujets que j’aborde, et le street art pour la technique de j’utilise », argumente YP, de son nom d’artiste.
Passionné par l’art, l’histoire, les automobiles, le cinéma des années 50 et 60, il sélectionne des affiches anciennes puis retravaille, lacère, colle, déchire et réhausse son support à la peinture, au pochoir ou à l’aérographe.
Chineur d’affiches et articles de presse
Avant chaque oeuvre, Yann effectue un gros travaille de préparation afin de remettre l’affiche dans son contexte de l’époque. « Je me documente, je chine, je cherche des articles de presse et publicités d’époque en lien avec mon sujet et en rapport avec l’année de l’affiche que je veux mettre en lumière », présente l’artiste.
Ce dernier travaille également sur le jeu des couleurs, de typographie, de reliefs en découpant le papier, en le froissant. « Je le touche, je m’en imprègne, je le déchire, je le sens, j’ai une réelle interaction avec la matière, chose que l’on ne retrouve pas à mon sens dans un travail de peinture. Je me retrouve davantage dans l’énergie d’un sculpteur ». À travers l’usage quasi exclusif du papier, Yann Penhouet développe des oeuvres étonnantes de richesse et d’authenticité.
Jusqu’à quinze jours par tableau
Après avoir sélectionné la typographie et les articles, l’artiste déchire les papiers, les plonge dans différents bains de peinture avec des pigments, « puis ils sont séchés et collés couche par couche pour créer une oeuvre unique », présente l’artiste qui doit respecter de nombreux temps de séchage. « C’est un processus assez long, il faut en moyenne quinze jours de travail pour réaliser un seul tableau ».
Et si certains pensent qu’il s’agit seulement de papiers déchirés et collés où il y a de la place, ils se mettent le doigt dans l’oeil. « Rien n’est laissé au hasard, chaque papier a une place bien précise. Le collage est un art extrêmement technique ».
Et la peinture arrive en complément, elle permet de rehausser le tableau, contribue à le rendre « vivant », et à « créer une ambiance ». « La peinture permet d’apporter une empreinte plus personnelle ».
Une double lecture sur chaque oeuvre
Une fois terminées, les créations ont deux lectures différentes. « Une première lorsque l’on contemple le tableau dans son ensemble, et une deuxième en s’approchant pour lire en détail les articles de presse en lien avec l’affiche », glisse YP.
Des oeuvres inspirées pour beaucoup par la culture américaine des années 50 et 60. « On sort de la Seconde Guerre mondiale, il faut tout reconstruire, et on voit l’explosion de la consommation, de la publicité », notamment autour des voitures, très caractéristiques.