L'Action Républicaine

Anne André a fêté ses 100 ans

Femme de militaire, Anne André, 100 ans, a vécu l’une des plus dures guerres de décolonisa­tion du siècle…

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Le maire de Saint-Eliph, Christophe Barral, et quelques élus, se sont rendus lundi dernier au lieu-dit Le Goulet, dans le village, pour souhaiter l’anniversai­re d’Anne André, la nouvelle centenaire de la commune.

Née le 15 avril 1924 au Mans (Sarthe), Anne perd sa maman à l’âge de 14 ans en 1938. L’année suivante voit le début de la Seconde guerre mondiale « et ses privations, ses bombardeme­nts, ses morts générés par les combats au moment de la libération » se souvient-elle. Munie d’un diplôme de secouriste, Anne s’implique en tant que bénévole à la CroixRouge française, puis quitte Le Mans pour rejoindre la maison familiale construite rue de l’Église, à La Loupe en Eure-etLoir par son grand-père Henri Moutillard, notaire.

En juillet 1947, elle y épouse Fernand-Joseph André aspirant dans l’Armée française ; elle va embrasser la carrière de son époux en le suivant au gré de ses affectatio­ns...

Allemagne, France et Algérie

Après deux années passées en Allemagne où naîtront ses deux premiers enfants, Anne André retourne à la Loupe, dans l’attente d’un mari parti en Indochine, et dans l’incertitud­e quotidienn­e de son retour, car être femme de militaire, « c’est faire preuve d’abnégation et de dévouement », être séparés et gérer la famille en son absence, mais aussi bouger...

Les années qui suivront seront une succession de déménageme­nts pour la famille du militaire, dont les Aurès en Algérie en 1955 « dans un logement sans eau ni électricit­é » précise l’actuelle centenaire.

En 1957, retour en France à Angoulême (Charente-Maritime) et Anne donne naissance à son troisième enfant. Après « trop de temps passé au même endroit », la famille prend un nouveau départ en 1959 pour Laghouat (Algérie) aux portes du désert, puis Cherchell (Algérie) en 1961 pour une courte période et Batna en 1962, qui va marquer les retrouvail­les avec les Aurès où elle vit, comme tous, dans un climat d’insécurité à la merci des attentats et embuscades pendant la guerre d’indépendan­ce.

Veuve depuis 2005

En mai 1962, Anne quitte l’Algérie depuis le port de Bône pour Epinal (Vosges) où elle s’investit pour accueillir les familles des Harkis, miraculeus­ement sauvées et dont la présence n’était pas la bienvenue au sein de la population. En 1965, le colonel André, son mari, quitte l’armée pour l’Education nationale.

Après quelques travaux, la famille s’installe dans la ferme familiale du Goulet, à SaintEliph, une maison plus que centenaire, achetée en 1901 par son grand-père. Cette propriété est devenue le fief de la famille.

Aujourd’hui veuve, depuis 2005, Anne a su fédérer les siens grâce à sa bienveilla­nce et son amour inconditio­nnel. Si la réussite d’une vie ne se mesure pas à sa longévité mais plutôt à son contenu, il faut reconnaîtr­e qu’Anne André s’est octroyée les deux, et ce ne sont pas ses trois enfants, six petits-enfants et dix arrière-petits-enfants qui la contrediro­nt !

 ?? ?? Christophe Barral et quelques élus de la municipali­té se sont rendus lundi au lieu-dit Le Goulet pour souhaiter son anniversai­re à Anne André, 100 ans et lui offrir une compositio­n florale.
Christophe Barral et quelques élus de la municipali­té se sont rendus lundi au lieu-dit Le Goulet pour souhaiter son anniversai­re à Anne André, 100 ans et lui offrir une compositio­n florale.

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