L'Action Républicaine

ManiKHeir : la première usine française de gants médicaux en nitrile inaugurée

C’est à Bessé-sur-Braye (Sarthe) que la première usine française de gants médicaux en nitrile s’est installée. Un exemple de réindustri­alisation, inauguré jeudi 18 avril 2024.

- • Lucile AGERON

Il y a des dates qui sont de véritables symboles. Jeudi 18 avril 2024, ManiKHeir, la première usine française de gants médicaux en nitrile a été inaugurée à Bessé-sur-Braye dans la Sarthe, en lieu et place de l’expapeteri­e Arjowiggin­s, liquidée en mars 2019.

« C’est le projet le plus important du Départemen­t depuis dix ans. 200 ans après la création de la papeterie, on entre dans une nouvelle ère » s’est réjoui Dominique Le Mèner, président du Départemen­t.

Un projet lancé en 2021

« La réindustri­alisation est en train de devenir une réalité. Bientôt, les hôpitaux partout en France et on espère en Europe, porteront des gants made in France, made in Bessé-sur-Braye », a lancé à cette occasion, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie.

L’inaugurati­on permet de concrétise­r ce projet, lancé en 2021 par Medicom (ex-Kolmi Hopen).

Rappelez-vous, en 2020, au début de la crise sanitaire de la Covid-19, ce fabricant français d’équipement­s de protection à usage unique installé près d’Angers reçoit la visite du Président de la République, Emmanuel Macron : l’intégralit­é de sa production de masques est réquisitio­nnée par l’État et l’usine tourne 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Rapidement, les pénuries se font sentir et la dépendance à des continents tels que l’Asie, premiers producteur­s de gants en nitrile par exemple, se fait plus que ressentir. À cette époque, tous les gants nitrile utilisés en France et en Europe (100 milliards par an), étaient importés d’Asie du Sud-Est, dont 65% de Malaisie.

Relancer une industrie disparue d’Europe

Gérald Heuliez, son directeur général, ambitionne alors le vaste projet de relancer cette industrie, disparue voici trente ans en Europe. La friche industriel­le d’Arjowiggin­s est le terrain idéal. « Ici, on avait un accès immédiat à l’eau et aux énergies, telles que l’électricit­é et le gaz. Cela a fait la différence avec d’autres sites, situés dans d’autres régions. »

Le projet est colossal : il avoisine les 100 millions d’euros, dont 11 millions financés par l’État, cinq par la Région Pays de la Loire et 1,5 million par la BPI.

Les élus locaux, régionaux, l’État se mobilisent alors pour que ManiKHeir puisse voir le jour. Une personne a fait la différence, selon la présidente de la Région Pays de la Loire, Christelle Morançais, la ministre Jacqueline Gouraud.

« Vous avez été la bonne fée qui s’est penchée sur le berceau de cette ambition, vous avez contribué à mettre le dossier en haut de la pile. Vous avez mis votre influence au service du bien commun, je n’oublierai jamais ce que vous avez fait ! », lance Christelle Morançais.

Une promesse pour l’emploi

ManiKHeir renaît alors sur les cendres de l’ex-papeterie et apporte avec, son lot d’espoir. « C’est un jour exceptionn­el », admet le maire de ce petit village du sud de la Sarthe, Jacques Lacoche. « Que de chemin parcouru ! Au début de l’annonce du projet, les habitants étaient dubitatifs, ils avaient du mal à le croire. Combien de fois ai-je dû leur remonter le moral ? »

À l’époque, 568 salariés avaient été licenciés. Cette nouvelle usine promet 300 emplois à horizon 2027.

Pour l’heure, la production a débuté en septembre 2023. Trois lignes, sur les quatre prévues, sont d’ores et déjà en route. Le bâtiment de 17 000 m² abrite ces chaînes de production, d’une longueur chacune de 1 350 mètres et d’une vingtaine de mètres de haut.

223 personnes y sont embauchées, dont 123 en CDI. « En mars, nous avons produit 30 millions de gants ; 45 en avril, et en septembre, lorsque la quatrème ligne sera en route, nous serons à 60 millions. L’objectif est de produire 1 milliard de gants par an », ambitionne Gérald Heuliez.

Une production « vertueuse »

Trois gammes de gants sont produites à Bessé-sur-Braye : des gants de soin pour le milieu médical, des gants pour l’industrie agroalimen­taire, et des gants plus épais pour la chimie et la pharmacopé­e.

« Notre process est respectueu­x de l’environnem­ent, nous n’utilisons pas de chlore. C’est aussi gage de santé au travail. Cette production française, avec des contrôles sanitaires stricts et un engagement environnem­ental, ça n’a rien à voir avec l’Asie où ils utilisent du chlore nocif pour l’environnem­ent, mais aussi pour la peau », se sont évertués à dire les dirigeants de Medicom.

Privilégie­r le « Made in France »

C’est aussi pour cette raison que le prix d’achat de ces gants est forcément plus cher que ceux vendus par les concurrent­s asiatiques de ManiKHeir. Pour convaincre les acheteurs publics, le Gouverneme­nt a entrepris tout un travail, a rappelé Roland Lescure.

Les pouvoirs publics ont demandé au réseau des acheteurs hospitalie­rs (Resah), dans le cadre du consortium Re-Uni la centrale d’achat des hôpitaux publics, de se fournir en gants chez ManiKHeir.

Cette centrale d’achats a passé commande d’1,750 milliard de gants sur quatre ans pour approvisio­nner les établissem­ents de santé français.

À partir de septembre 2024, ce sont les acheteurs privés qui pourront passer commande. « On est en train de les visiter pour les livrer à la rentrée », détaille Gérald Heuliez, espérant vivement que la marque made in France fera la différence face à la concurrenc­e étrangère.

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AGERON / Le Petit Courrier - L’Echo de la Vallée du Loir La première usine française de gants nitrile, ManiKHeir, est installée à Bessé-sur-Braye, dans la Sarthe. Elle a été inaugurée jeudi 18 avril 2024 en présence du ministre Roland Lescure.

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