L'Action Républicaine

Enzo Hervio : un combat qui ne s’arrête jamais

Atteint du syndrome de Beckwith-Wiedemann depuis sa naissance, Enzo fait face à un quotidien difficile. Le jeune Nogentais de 12 ans a de nouveau été opéré. Nous avons pris de ses nouvelles.

- • Valentin MAUDUIT

Son histoire a touché les Nogentais, ils sont encore des centaines à suivre son quotidien (ou presque) sur les réseaux sociaux. Enzo Hervio est, depuis sa naissance, atteint du syndrome de Beckwith-Wiedemann. L’Action l’avait rencontré à plusieurs occasions : la première fois en 2017, alors qu’il n’avait que 5 ans. Depuis, nous suivions ses aventures et les nombreuses actions mises en place pour soutenir financière­ment la famille. Mais cela faisait quelques années que nous n’avions pas vu Enzo. Nous avons renoué le contact, il a accepté immédiatem­ent.

Deux plaques dans la jambe

Pourtant, le jeune homme qui a 12 ans maintenant - traverse une période encore compliquée, rythmée par une nouvelle opération, le 23 avril. « Sa cinquième », comptent ses parents, toujours à ses côtés. Cette fois-ci, c’est une jambe qui a subi la loi du bistouri. Et ce fut un sacré parcours.

Arrivé timidement en béquille, il s’assoit dans la salle à manger familiale autour de la table dans son fauteuil, la jambe droite bien tendue. « Il devait se faire opérer de la jambe gauche qui est plus courte de cinq centimètre­s. Alors, il aurait dû avoir une tige télescopiq­ue pour accélérer la croissance de sa jambe », explique Benoît, le paternel. Une différence de taille qui commençait à jouer sur son dos, « il a une scoliose », souligne sa maman, Laëtitia.

Finalement, le corps médical du centre hospitalie­r d’Orléans a opté pour une autre solution. « Ils ont préféré lui mettre deux plaques dans la jambe droite pour stopper sa croissance. »

Enzo a souffert, et souffre encore même après l’opération. Pourtant, dès le surlendema­in, il était de retour chez lui, à Nogent-le-Rotrou. « C’est une usine, il faut libérer les lits le plus vite possible », regrettent ses parents.

Harcelé au collège

Le collégien était donc enfermé à son domicile, pendant les vacances d’avril. Il faut dire que l’école ne lui fait pas de cadeau non plus. Elève en 6e au collège Arsène-Meunier - « j’avais redoublé mon CP car j’avais loupé un an d’école avec mon opération du coeur » - Enzo doit faire face au harcèlemen­t. Bien loin des chouettes attentions de ses camarades de l’école primaire Marcel-Pagnol. « Il était moqué. Il s’est fait voler son portable. Sauf qu’il a des contacts d’urgence extrêmemen­t importants avec les médecins en cas de problèmes. »

Sujet aux hypoglycém­ies, à l’asthme, en plus de ses problèmes physiques, Enzo est fragile... Heureuseme­nt, l’établissem­ent a fait cesser l’affaire rapidement. En revanche, l’élève ne savait pas dans quelle condition il retournera­it à son établissem­ent. « Je ne peux pas rentrer dans l’ascenseur avec ma jambe tendue sur le fauteuil... »

Pendant que ses parents évoquent ses problèmes, Enzo prend son fauteuil, demi-tour vers la cuisine. « J’ai soif », lâche-t-il. Seulement, le fauteuil ne passe pas les encadremen­ts de porte. C’est sa maman qui assurera le service du verre. Mais cet après-midi là, il a la bougeotte. A un moment, de lui-même, il se lève, « je veux m’assoir dans une chaise normale ».

Une maman stressée et dévouée

Sa mère s’inquiète un peu de le voir tant bouger avec son bandage. « Maman, c’est toujours ça, elle stresse trop. » Alors, Enzo ne dit pas toute la vérité. « Il nous dit toujours que tout va bien pour ne pas nous inquiéter », lancent ses parents.

Parfois, la coupe est pleine pour le jeune homme. « Il ne vous le dira pas, à nous c’est très rare. Mais, il a des coups de moins bien, en se demandant pourquoi lui, il nous dit qu’il veut que ça s’arrête », souffle sa maman, qui indique qu’un suivi psychologi­que va prochainem­ent être mis en place.

Une mère dévouée à 100 % pour son fils. « J’ai arrêté de travailler pour lui. Il faut tout le temps que je sois là ! » Le papa, lui, est agent de service chez Gestamp à Val-au-Perche.

C’est donc avec un seul salaire, dans une maison en location - « nous avons dû vendre notre maison pour payer les soins d’Enzo » que la famille vit. Pourtant, ils sont d’un optimisme radical ! « On s’est toujours débrouillé­s jusqu’à présent... On se serre les coudes. »

Une prochaine opération aux pieds

Ils n’excluent pas cependant la tenue d’un loto pour rapporter un peu d’argent à l’associatio­n « Petit Coeur Enzo ». « Les gens nous le réclament lorsqu’ils nous croisent sur des événements. »

Par le passé, il y a eu un salon bien-être, un cross caritatif, une benne à papiers... Cette fois, le loto aura peut-être lieu à Luigny. « Le maire nous a contactés pour nous proposer la salle gratuiteme­nt. Une sacrée différence quand à Nogentle-Rotrou, on nous a dit qu’elle était prise tous les week-ends, alors que c’était faux... » regrettent-ils amèrement.

Pour Enzo, cette opération ne sera malheureus­ement pas la dernière... Il le sait déjà, « la prochaine, ce sera pour les pieds », annonce sa maman. En tout cas pour son sourire, il n’y a besoin de rien faire, il est toujours là, bien accroché au visage. Il rayonnerai­t encore plus si le bonhomme avait la chance d’aller un jour à Disneyland...

Newspapers in French

Newspapers from France