Les Chantiers bientôt italiens
L’état renonce à dégainer la nationalisation, même temporaire
Nationalisation ? Fincantieri ? Le dossier « chantiers » s’est accéléré jeudi. L’italien n’est plus une option, c’est un objectif. Un accord est imminent.
À l’heure du bouclage de L’écho de la Presqu’île, le secrétaire d’état à l’industrie n’avait pas encore fait sa déclaration. Mais toute la matinée de jeudi, les différentes sources ont convergé vers une même information : Fincantieri plutôt que la nationalisation.
Tous à Bercy
L’invitation à Bercy est arrivée tard mercredi soir, augurant une annonce ministérielle. Les syndicats étaient conviés à 16 h 45 à Paris jeudi 6 avril par le secrétaire d’état à l’industrie Christophe Sirugue qui a enchaîné avec une conférence de presse à 17 h 30 (lire sur lechodelapresquile.fr). Dès jeudi matin, Le Monde annonçait la couleur : le gouvernement renonce à nationaliser, même temporairement, privilégiant l’option Fincantieri, dans l’objectif de trouver très vite un accord avec l’industriel italien pour le rachat des chantiers de Saint-nazaire.
Le scénario Fincantieri
Selon le quotidien, comme souhaité par l’état français, Fincantieri ne disposerait pas de la majorité du capital de STX France mais d’une part entre 45 et 49 %. L’italie serait toutefois majoritaire avec l’arrivée d’un partenaire transalpin. C’est ce point qui avait crispé les relations franco-italiennes ces derniers jours. Car si Fincantieri avait fini par accepter d’être minoritaire, la France mettait une condition sur ce partenaire : l’absence de liens juridiques, financiers, stratégiques entre les deux entités italiennes. Ce caillou dans la chaussure semble avoir été retiré. Le Monde évoque une fondation bancaire privée italienne. Elle obtiendrait autour de 10 %. La France conserverait ses 33,34 %, le constructeur naval militaire DCNS 10 %.
La nationalisation abandonnée
Un changement de cap en tout cas une semaine après l’évocation d’un plan B, celui d’une nationalisation transitoire, dégainé par l’état en cas d’impossibilité d’accord avec Fincantieri.
Un pacte d’actionnaire prévoit en effet que l’état français peut préempter et donc racheter les 66 % de STX, convoités par Fincantieri, seul candidat à la reprise. Les Chantiers seraient devenus 100 % français mais provisoirement seulement, dans l’attente de partenaires prêts à racheter les 66 %.
Les armateurs MSC et RCCL, étaient partants, ce qui n’était pas sans susciter des inquiétudes. Quid de l’attitude des deux principaux clients des Chantiers si ces derniers décrochent une commande avec un concurrent ? Quelle aurait aussi été la marge de manoeuvre des Chantiers dans ses discussions commerciales avec RCCL et MSC qui seraient aussi ses actionnaires ?
La direction des Chantiers sort du silence
Dès le début des transactions, la direction des chantiers de Saint-nazaire s’est refusée à tout commentaire. Lundi 3 avril, elle est sortie de son silence via un communiqué de presse pour rappeler « qu’il n’est pas dans ses attributions de prendre part à la transformation de l’actionnariat ni même de commenter ses évolutions éventuelles ». Par contre, elle indique clairement souhaiter « une conclusion rapide », du dossier, « l’incertitude actuelle pesant sur ses capacités à gagner de nouveaux marchés et obtenir de nouveaux financements ».
Plus d’obstacles
Le message a semble-t-il été entendu, le dossier a pris un coup d’accélérateur. D’autant que le 29 mars, l’industriel de Trieste s’est mis d’accord sur le prix de rachat avec le tribunal de Séoul.
Il n’y aurait donc plus d’obstacle à ce que Fincantieri devienne le nouveau propriétaire des Chantiers. Une belle prise pour l’italien qui met ainsi la main sur un savoi-faire reconnu dans le monde entier, des cales pour navires XXL et une diversification dans les énergies marines renouvelables.