Un an après le fioul, la galère
Il y a un an, 550 m3 de fioul se déversaient dans le village de Tragouët. Deux familles ont réintégré leur maison sans autorisation officielle.
Le 5 avril 2016 restera à jamais gravé dans la mémoire de Rémi Trégret. Ce jour-là, 550 m3 de fioul, l’équivalent de 15 camions-citernes, se sont déversés dans la nature. Un pipeline de Total a été percé lors de travaux d’enfouissement d’une ligne haute tension réalisés par l’entreprise Arc pour le compte d’enedis. Ce propriétaire de quatre maisons dans le village de Tragouët à Saint-anne-surbrivet était aux premières loges. « J’ai vu le fioul ruisseler sur la route. Il y avait bien dix centimètres », se rappelle-t-il.
Un an après, seule la route flambant neuve témoigne que d’importants travaux ont été réalisés il y a peu. Total a dû faire des travaux de dépollution. Par endroits, il a fallu décaisser plus de deux mètres de terre autour des maisons. « Ils ont fait venir leurs meilleurs experts. Ils ont fait un excellent travail », explique Rémi Trégret, qui a suivi de près le chantier.
« Cela ne peut plus durer »
Quand il parle de cette « catastrophe », comme il l’appelle, l’émotion n’est jamais très loin. « Cela a été vraiment difficile à vivre », confesse-t-il. Onze habitations avaient dû être évacuées. Si la plupart des riverains ont pu regagner leurs logements dans les semaines qui ont suivi, Rémi Trégret et une autre famille n’ont toujours pas l’autorisation officielle de retourner vivre dans leur maison dont l’air avait été pollué par des composés organo-volatiles. « Les dernières analyses ont été faites en novembre dernier et nous n’avons toujours pas les résultats. »
Lassées d’attendre, les deux familles ont réintégré leur maison en décembre malgré les préconisations de la préfecture de ne pas réintégrer le logement en l’état actuel. « C’était trop dur à vivre. Il fallait venir tous les jours pour ventiler la maison. Nous étions là sans vraiment être là. Cela va faire un an que je consacre toutes mes journées à ça, cela ne peut plus durer ! » Le septuagénaire se demande si on ne les a pas oubliés. « Les autorités se désintéressent-elles de notre situation ? C’est l’impression que ça donne. La tentation de l’oubli est grande pour certains. Mais je n’oublierai pas », lance Rémi Trégret, qui attend désespérément les résultats de L’ARS. « Cela permettrait enfin de clôturer définitivement cette affaire. »