Sécheresse : le Brivet envasé
À Saint-nazaire, pêcheurs et plaisanciers fulminent devant l’envasement du port de Méan qui pourrait aggraver la situation en cas d’inondation dans le marais briéron.
Après avoir traversé le marais de Brière, le Brivet achève sa course dans une ultime divagation, se jetant dans l’estuaire de la Loire à Saint-nazaire. Dernière étape, le petit port de Méan, abrité derrière l’écluse et soumis aux flux et reflux des marées. Depuis quelques mois, du fait des niveaux d’eau bas dans le marais et de l’absence d’éclusage, le dernier affluent de la Loire connaît à son embouchure un envasement grandissant.
« Normalement, on sort aisément », explique Francis Daubin, patron-pêcheur à Méan. « Là, c’est complètement à sec. C’est gogué de vase partout et on ne peut sortir désormais que deux heures après la pleine mer. À l’avant d’un de mes bateaux, j’ai regardé avec un aviron, on a bien trois mètres de bouillettes à enlever ».
Un riverain acquiesce. Lui aussi le constate, le phénomène s’est aggravé depuis l’année dernière. Il avance une explication, bien plus claire que l’eau du port : « Il n’y a pas eu d’eau à l’automne et cet hiver. Le Brivet n’a pas écoulé ». Fabrice Ricoul, représentant l’association des plaisanciers du Brivet, est du même avis que ses voisins pêcheurs avec qui il partage le port. Les entrées et sorties des bateaux de plaisance des adhérents de son association sont elles aussi restreintes « à cause de la vase », déplore-t-il.
Le président de l’association des plaisanciers a rencontré l’adjoint au maire de Méan-penhoët, Jean-marc Allain. « On a bien été entendu », estime le président même si « aucune décision n’a été prise à cette heure ». L’élu pense que le problème doit être traité rapidement. Mais la Ville veut s’appuyer sur une expertise technique. « Dès cette semaine, nous sollicitons les services techniques de la Carene afin d’évaluer les risques liés à cette situation ainsi que les solutions à envisager », indique Jean-marc Allain.
Alain Massé, président du syndicat mixte du Brivet, rappelle que le problème du port de Méan et son envasement relèvent des compétences du Grand port maritime Nantes/ Saint-nazaire. Le syndicat mixte n’est pas « directement concerné. Ce problème d’envasement est un phénomène naturel qui revient régulièrement quand il n’y a pas assez d’évacuations. On a le même souci sur un autre exutoire à Lavau. Pour dévaser, il faut évacuer et pour qu’il y ait des évacuations, il faut qu’il pleuve ». Or, depuis un an, « les portes des écluses de Méan sont restées fermées hors quelques petites manoeuvres ». La raison ? La trop faible pluviométrie. « Cela fait plus d’un an que nous n’avons pas fait d’évacuation ».
Risque d’inondations
Face à cette situation, une crainte surgit. Si elle devait perdurer cet hiver et en cas de fortes pluies comme en 2014, l’envasement pourrait aggraver l’évacuation des eaux du marais Brièron, prévient le patron pêcheur, Francis Daubin. À l’association des Riverains des Ecarts de Trignac (Adret), où l’on se sent particulièrement concerné par les questions d’inondations, on partage ce point de vue. Reste la question de la méthode.
Chacun, en amont ou en aval de l’écluse de Méan, a sa petite idée : dragage du port par le Grand port pour les uns, construction d’un barrage temporaire par le syndicat mixte du Brivet au niveau des Forges afin d’effectuer des lâchers d’eau répétés et destinés à chasser les limons… C’est l’expertise des techniciens missionnée par la Carene qui tranchera sur la stratégie à adopter.
« Pour évacuer, il faut qu’il pleuve »