Recours de la LPO pour stopper l’abattage des grands cormorans
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a demandé mercredi au juge des référés du tribunal administratif de Nantes de suspendre en urgence l’arrêté préfectoral autorisant en Loire-atlantique les abattages de grands cormorans, une espèce protégée accusée de piller les élevages de poissons. Sur le secteur de la Presqu’île, on trouve de tels élevages au Croisic, à Mesquer, Assérac, La Turballe, Saint-molf.
En octobre dernier, la préfecture avait agi dans le cadre d’un arrêté ministériel, qui autorise jusqu’à 4 800 abattages d’oiseaux sur les années 2016 à 2019.
« Il a un gros impact sur la pisciculture »
À l’audience, la LPO a d’abord soulevé une question de forme : si sa fédération nationale a bien été consultée en vue de l’élaboration de l’arrêté ministériel, son antenne de Loire-atlantique ne l’a pas été pour celle de l’arrêté préfectoral. Or, la dérogation à la destruction des espèces protégées « doit s’apprécier au niveau local », a souligné à l’audience l’association.
La Ligue de protection des oiseaux de Loire-atlantique reproche aussi aux services de l’état de ne pas avoir spécifié précisément les sites où pourront être autorisés les abattages.
De son côté, la représentante de la préfecture a rappelé au juge que le grand cormoran est un animal « opportuniste », qui « bouge énormément ».
« Il a un gros impact sur la pisciculture, qui est une activité importante dans le département mais qui est en souffrance… Elle bénéficie d’ailleurs d’aides communautaires », a-t-elle insisté.
« Le grand cormoran est une espèce qui joue un rôle dans l’écosystème, ont répliqué les représentants de la LPO. Les problèmes de la pisciculture relèvent aussi de problèmes d’alevinage (le repeuplement des plans d’eaux, NDLR) qu’on a tendance à mettre sur le dos des oiseaux. »
Le caractère triennal - de 2016 à 2019 - des quotas maximaux d’abattage est également une « aberration », selon l’association de protection animale, puisqu’il ne tient pas compte d’un éventuel « hiver difficile » pour l’espèce.
Le juge des référés, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son ordonnance dans les prochains jours.