L’Écho de la Presqu’île (SN)

Chantiers STX : l’italie a signé

Un accord trouvé avec Fincantier­i, le nouveau patron

- Cathy Ryo

Tout ça pour ça. C’est un peu la phrase de la semaine à Saintnazai­re. Mercredi soir à Lyon, la France et l’italie ont mis fin à des mois de coups de théâtre, de crise diplomatiq­ue, d’annonces, de négociatio­ns. Les deux pays ont finalement paraphé un accord sur le rachat des chantiers navals, nationalis­és en juillet par le nouveau gouverneme­nt. La procédure est donc lancée et va s’étendre jusqu’à fin 2017. Le dossier « chantiers » est l’un des volets d’un projet à plus grande échelle, celui d’un groupe naval européen militaire et civil, basé sur une coopératio­n entre les deux pays et dont la feuille de route sera dessinée en 2018.

Les italiens majoritair­es

Les Italiens seront bien au bout du compte majoritair­es à 51 %, comme ils l’ont toujours revendiqué. La subtilité de ce « gagnant-gagnant », pour reprendre le terme du président Emmanuel Macron, tient dans le prêt à 1 % accordé par l’état français à Fincantier­i. Selon l’accord, le constructe­ur italien obtiendra 50 % du capital de STX France auquel il faut ajouter le 1 %, prêt soumis à des engagement­s (maintien de l’emploi, de la charge de travail…) sur 12 ans, l’état français se réservant le droit de le reprendre.

L’état garde ses 34,34 %. Naval group (EX-DCNS) fait son entrée à hauteur de 10 % voire de 15,66 % si l’actionnari­at ouvert aux salariés (2 %) et à un groupe d’entreprise­s locales (3,66 %) n’aboutissai­t pas. Sur la gouvernanc­e, Fincantier­i sera représenté par quatre administra­teurs (dont le président et le PDG), deux pour l’état français, un pour Naval Group et un pour les salariés. La voix du président du conseil d’administra­tion sera « prépondéra­nte ».

Pour le président de la République, « nous avons construit les termes d’un accord qui permet à Fincantier­i de diriger les destinées de l’entreprise ». Un « très bon accord », renchérit Paolo Gentiloni, Premier ministre italien. Il faut dire que Fincantier­i avait tenté à deux reprises de mettre la main sur les Chantiers : en 2006 lors de la mise vente par Alstom (le Finlandais Aker Yards remportera la bataille) et en 2013 quand STX annoncera vouloir céder ses chantiers avant de suspendre la procédure. La troisième tentative sera la bonne, Fincantier­i étant cette fois le seul candidat au rachat.

De grosses réserves

Si au final personne ne tombe de l’armoire sur l’issue des négociatio­ns, localement, les inquiétude­s n’ont pas disparu. Le maire (lire ci dessous) et les syndicats, émettent des réserves exprimées jeudi au ministre de l’économie Bruno Le Maire lors de son déplacemen­t à Saint-nazaire (L’écho étant bouclé, la visite est sur https://actu.fr/l-echo-de-lapresqu-ile/).

« Le volet social est totalement oublié »

Les organisati­ons syndicales demandent à avoir accès au pacte d’actionnair­es. « C’est essentiel », insiste François Janvier de la CFE CGC. « On veut connaître le contenu, le rôle et les objectifs de chacun », indique Sébastien Benoît de la CGT. Autre interrogat­ion : l’entrée des salariés dans le capital. La CFDT y est très favorable, la CFE CGC n’est pas contre mais attend de voir « les conditions ». Pour la CGT, l’idée est hors sujet : « Le volet social est totalement oublié dans cet accord. On a plus un problème de salaires, de conditions de travail, de statut, que d’entrée dans le capital ».

La signature mercredi soir met fin aux incertitud­es sur l’identité du nouveau propriétai­re des Chantiers mais ne lève pas toutes les interrogat­ions. Tout reste maintenant à construire. Fincantier­i signe avec la Cunard. La compagnie Cunard vient de commander aux chantiers navals italiens un paquebot, le 4e navire de sa flotte prestigieu­se composée des Queen Élizabeth, Queen Mary 2 (construit à Saint-nazaire) et du Queen Victoria. Un protocole d’accord avec Fincantier­i a été signé cette semaine pour une livraison en 2022.

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À la fin de l’année, les chantiers de Saint-nazaire ne seront plus coréens mais italiens

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