Saint-nazaire : surtaxe et colère
La taxe d’habitation des résidences secondaires de nouveau majorée
La taxe d’habitation pour ces habitants à temps partiel a été une nouvelle fois majorée par la municipalité. La goutte de trop pour cette Nazairienne, qui songe à vendre.
« On vient à Saint-nazaire pour se détendre. Cette année, c’est raté. »
Nicole Dano-michaudet a beaucoup ressassé cet été dans son appartement du quartier de Plaisance. Elle en a hérité en 2007, à la mort de sa maman. Cette habitante d’ivry-la-bataille dans l’eure, y séjourne en août, à Pâques, à Noël… « Les enfants aiment venir, c’est ici que toute la famille se retrouve. Moi, je me sens Nazairienne avant tout », raconte cette mère de trois enfants. Mais ce logement de vacances pèse lourdement sur les finances familiales.
« On cherche à me mettre à la porte de chez moi »
En 2015, la municipalité a décidé d’appliquer aux résidences secondaires une majoration de 20 % de la taxe d’habitation. Une pilule déjà difficile à avaler. En début d’année, profitant de l’instauration d’un nouveau plafond, les élus ont passé la surtaxe à + 60 %. « Je l’ai appris en faisant des recherches. Même les impôts n’étaient pas au courant, relate la contribuable. J’étais furieuse, surtout de ne pas avoir été prévenue. Je me sens méprisée. »
Pour cette enseignante, la mairie lui colle une étiquette qui ne correspond pas à sa réalité. « Je ne suis pas riche, on fait des sacrifices pour cet appartement. » Ce 90 m2 situé au premier étage d’une tour des années 70, lui coûtait déjà plus de 3 000€ d’impôts locaux par an. « En comptant les charges, les travaux de copropriété, on en arrive à 6 000€ ». Une paille. Elle a fait ses calculs, cette nouvelle majoration devrait lui coûter environ 600€ de plus. « J’ai l’impression que l’on cherche à me mettre à la porte de chez moi. »
La question est désormais posée au sein de la famille. Vendre ? Mettre en location ? À des étudiants pour profiter de l’appartement l’été ? S’inscrire sur la plateforme Airbnb ? Aucune solution n’est satisfaisante ou viable économiquement. « Nous sommes dans une impasse. »
« Intérêt général »
Du côté de la mairie, on assume. « Je comprends la difficulté de ces cas particuliers. Mais cette disposition répond à un intérêt général : permettre, dans un marché tendu, à tous de se loger, expose Martin Arnout, adjoint aux Finances. Si on laisse faire, et que l’on se retrouve un jour à 30 % de résidences secondaires, on nous le reprochera. »
Une recette de 750 000€
Pour l’instant, on en est loin. Saint-nazaire compte 6,67 % de résidences secondaires. « Mais leur nombre augmente trois fois plus vite. »
Avec la surtaxe à 60 %, la Ville va en retirer une recette de près de 750 000€. « Sur un budget de 100 millions. Ce n’est pas rien, mais notre motivation n’est pas financière. »
La majorité s’est engagée à ne pas augmenter les impôts des Nazairiens durant toute cette mandature. « Résidence secondaire, par définition, ce ne sont pas des hommes et des femmes qui vivent à Saint-nazaire », avait justifié le maire lors d’un conseil municipal en 2015. « En quelque sorte, on n’est pas des vrais Nazairiens. Mon père était ouvrier aux chantiers, ma mère comptable à la Gestal. J’ai grandi à la Trébale, et on me traite comme une intruse », s’insurge Nicole Dano-michaudet.