Vivant, le mari est déclaré mort
Voilà quelques mois, une Montoirine de 45 ans qui vit désormais au Canada, comparaissait devant le tribunal correctionnel pour escroquerie. Souhaitant s’installer outre-atlantique, elle avait expliqué à ses juges qu’elle avait clôturé tous ses comptes avant de partir. Elle avait également prévenu son assurance, la Macif, du décès de son mari. Une déclaration étrange, le mari étant toujours en vie. La présidente Talhouarn, y perdant son latin, avait demandé : « Avezvous gardé les courriels envoyés en mai et juin prouvant la clôture des comptes de la famille ? » La prévenue avait avancé : « Je pense ». La juge avait alors proposé un report du procès. De part et d’autre on s’était entendu sur le 26 septembre. La quadragénaire avait acquiescé : « Je serai là avec tous les justificatifs ! »
Déclarations divergentes
Mais, mardi dernier, elle n’était pas revenue au pays natal ! C’est donc en son absence qu’elle a été jugée. Avocate de la Macif, Me Gruber s’est expliquée : « Lors d’un décès, la famille est en difficulté, la compagnie avance le dixième du montant du capital forfaitaire de 80 000 € sur simple coup de téléphone. La régularisation se fait ensuite. » Sauf que là, rien n’a suivi. Et Me Gruber de poursuivre : « Je n’ai jamais reçu d’accusé de réception aux courriers envoyés, elle laisse croire que j’ai pu faire des faux, je ne comprends pas tout ce qu’elle raconte ! » La procureure, Alexia Cussac, a pris la suite : « Cette jeune femme a un problème avec la vérité. Elle nous a envoyé un courrier de six pages où elle ne joint pas du tout les pièces demandées. Ses déclarations sont divergentes, elle n’a pas souhaité mettre en place un échéancier. »
Pour une première condamnation, elle a requis un mois de prison ferme, mais le tribunal est allé au-delà : trois mois. Elle devra verser à la Macif les 7 500 € restant dus, 1 000 € de dommages et intérêts et 800 € de frais de justice. Elle devrait revenir en mars 2018…