Les quotas de l’Europe ne passent pas
Le comité régional des pêches des Pays de la Loire est vent debout contre les nouveaux quotas qui viennent d’être négociés. Et redoute la disparition de toute la filière pêche.
«À bout de souffle»
Mardi 12 décembre, les ministres de l’Union européenne se sont réunis au sein du conseil AgriPêche. Au menu, des négociations sur la base des propositions de la Commission européenne, portant sur la répartition des TAC (taux admissible de captures) et des quotas dans le cadre de la politique commune de la pêche lancée dans les années 1980.
Pour le comité régional des pêches, «si le modèle a permis d’améliorer l’exploitation de la ressource et donc de reconstituer une grande partie des stocks, notamment dans le golfe de Gascogne, il est aujourd’hui à bout de souffle. La gestion de la ressource et l’encadrement des pêcheries sont désormais le résultat de visions politiques et idéologiques ».
Dans le mur
En abaissant les quotas de 6 des 11 principales espèces pêchées dans le golfe de Gascogne, « l’équilibre entre protection du tissu économique et social et protection de l’environnement est loin d’être atteint. Le leurre des plans de gestion pluriannuels n’y changera rien. Il donne plus de visibilité, mais avec des possibilités de pêche drastiquement réduites : les pêcheurs peuvent ainsi mieux apprécier la couleur et la texture du mur qui se rapproche à grande vitesse », ironise le comité.
Il rappelle qu’« en Pays de la Loire, toute petite région de pêche, la flotte est passée de plus de 600 navires à moins de 400, de 1900 marins à 800, les volumes débarqués de 35 000 tonnes à 15 000 tonnes, tout cela en à peine 20 ans. Le prix moyen de vente en criée dans les Pays de la Loire est passé de 4 à 6 € du kilo. Difficile de discerner dans toutes ces décisions une volonté de créer des filières fortes pour atteindre la souveraineté alimentaire à l’échelle française ou européenne ».
« On se dit qu’on a touché le fond »
«Chaque année on se dit qu’on a touché le fond, et l’année suivante, la Commission européenne nous remet un coup sur la tête pour être bien sûr qu’on ne puisse pas sortir de notre trou », ne décolère pas José Jouneau, président du comité.
Il ajoute : « les Pays de la Loire représentent 0,2 % des volumes pêchés en Europe. Et pourtant c’est bien nous qui sommes les plus impactés par ces décisions. Nous pêcheurs sommes les premiers à vouloir nous inscrire dans une démarche de développement durable, mais ce n’est possible que si on nous laisse peser un peu dans les discussions. À cette vitesse, dans moins de 10 ans, il ne restera plus que quelques petits navires français dans le golfe de Gascogne. Ils alimenteront un petit marché local, et la France importera 99,9 % du poisson consommé en sur son territoire. La filière pêche française se meurt, sous les applaudissements de la Commission européenne. »
Convaincus que la gestion des stocks halieutiques est une évidence, les pêcheurs, assure le comité, attendent une « véritable remise en question de la politique commune avec des négociations assurant un équilibre entre exploitation durable des ressources et viabilité économique d’une filière ».