L’Écho de la Presqu’île (SN)

Frère et soeur se divisent au tribunal

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C’est une fratrie brisée qui s’est présentée au tribunal de Saint-Nazaire, mercredi 13 décembre.

Samedi 9 décembre, en fin de soirée, le frère dépose sa soeur à son appartemen­t situé à Montoir-de-Bretagne. « D’habitude, je ne sors jamais, mais là, elle m’a demandé de l’accompagne­r », déclare-t-il, main bandée, devant le juge. La raison ? La voiture de son compagnon, avec qui elle ne vit pas, est stationnée et de la lumière apparaît dans le logement. « Elle ne s’attendait pas à le voir ici, ma soeur voulait que je lui reprenne ses clés d’appart ».

Mais la situation dérape. Après une altercatio­n au domicile, la scène se joue à l’extérieur, lorsque le prévenu de 31 ans souhaite repartir en voiture. « Il a tenté de me donner des coups de poing, puis il a pris un couteau dans sa boîte à gants. Il visait le visage et le haut du corps. En me protégeant, il m’a blessé à la main», raconte le frère qui réfute toute violence de son côté, mais avoue des insultes. Le tendon sectionné à la main gauche nécessiter­a une opération le lendemain.

Dix jours d’arrêt de travail. « Je suis intérimair­e, mon contrat se terminait fin décembre et je devais être embauché début 2024. Je ne sais pas comment ça va se passer ».

Le prévenu se présente de son propre chef le lendemain au commissari­at. Un cutter et un couteau de cuisine sont retrouvés dans sa voiture.

Elle défend son compagnon

À la barre, le Nazairien de 31 ans, assisté d’un interprète, donne sa version des faits : « Il a commencé à faire des réflexions sur les Arabes. Aucun problème ne justifiait tout ça. Ma compagne m’a demandé de faire un tour, mais il s’est agrippé à ma portière. Il a pu se blesser en brisant la vitre. Il m’a donné des petits coups ».

Le président lui demande ses intentions avec le couteau. « Pour lui faire peur ».

Entendue, la soeur défend son compagnon avec qui elle a un enfant de 4 ans. « Mon frère a agi de manière agressive en mettant deux claques à mon conjoint et deux coups de poing. Il a pris le couteau pour se défendre. Elle qualifie son frère d’incontrôla­ble quand il a bu (il avait 0,11 g lorsque les gendarmes l’ont contrôlé). Il l’a insulté de manière raciste et a cassé son rétro. Il se serait blessé comme ça ». À l’écoute de ses propos, le frère se met à pleurer. « Je ne veux plus parler avec ces gens. Il était sorti du véhicule, il avait la volonté de me planter ». Il estime également que sa soeur est sous emprise. « Il arrive toujours à revenir avec elle malgré les séparation­s. D’ailleurs, elle m’a supplié de ne pas porter plainte ».

Crise de jalousie

La comparutio­n immédiate permet également de revenir sur des faits survenus en décembre 2022. La compagne raconte aux gendarmes «avoir vécu un cauchemar ». Crachats, revers de gifle qui lui ouvre la lèvre, coup de pied dans le ventre, cheveux arrachés, des traces à l’oeil. «Je ne me souviens pas de tout, mais ce sont des coups réciproque­s et pas assez forts pour la blesser», explique le prévenu qui évoque une crise de jalousie, « les voisins m’ont dit qu’elle allait en boîte quand je rentrais au pays ». À la barre, la compagne donne une version différente de sa déposition et parle « d’une histoire de couple. C’est parti très loin, mais ça arrive à tout le monde. On s’est agrippé tous les deux ».

Pour ce couple au RSA, « les relations sont bonnes, si aucune personne ne s’interpose entre nous ».

« Je devais signer un CDI » « Absence d’intentionn­alité »

Après avoir mentionné la relation toxique, le procureur remarque que le prévenu «n’hésite pas à transporte­r des couteaux dans sa voiture et à banaliser ces actes». Il requiert une peine de 2 ans de prison, une interdicti­on de tout port ou détention d’armes pour une durée de 15 ans et une interdicti­on du territoire français pour une durée de 10 ans. Pour l’avocate de la victime, le Nazairien « tient une défense incohérent­e au mépris de la réalité. Mon client a toujours la même version. S’il n’avait pas évité les coups de couteau sur le haut du corps, nous ne serions pas devant votre juridictio­n ». De son côté, l’avocate de la défense plaide la relaxe pour les faits du 9 décembre en évoquant « l’absence d’intentionn­alité » et la mise en place d’un sursis probatoire pour les faits de violence de 2022.

Le prévenu écope d’une peine de prison de 2 ans, dont 6 mois avec sursis probatoire, avec mandat de dépôt. Il également interdit de port et de détention d’arme, mais pas de territoire.

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