L’île Dumet bientôt fermée?
Un arrêté préfectoral pourrait prolonger l’interdiction d’accostage et de mouillage de l’île Dumet jusqu’au 15 août. Un non-sens et un danger estime une association.
C’est une consultation publique pour le moins discrète que devait lancer cette semaine et pour 21 jours, sur son site internet uniquement, la préfecture de Loire-Atlantique. À l’heure du bouclage de l’Écho de la presqu’île, elle n’était toujours pas en ligne et aucune information n’avait été transmise à la population, pourtant invitée à s’exprimer. Contactée, la préfecture n’a pas répondu à nos sollicitations.
Quel est donc l’objet de cette consultation? Il s’agit d’un arrêté de protection de biotope pour l’île Dumet prolongeant, au moins jusqu’au 15 août, l’interdiction de débarquer et de mouiller sur ce petit coin de paradis situé à 7 km au large de Piriac-sur-Mer.
Mobilisation des amoureux de l’île
Une discrétion préfectorale qui tranche avec l’agitation qui secoue les amoureux de l’île Dumet. Depuis plusieurs semaines, ils se mobilisent pour protester contre la prolongation de cette interdiction, qui existe déjà jusqu’au 15 juillet. À leur tête, l’association Dumet environnement et patrimoine qui milite depuis 10 ans pour la protection de l’île. Elle organise une réunion publique ce samedi 16 décembre à Piriac-sur-Mer.
Pour son président Jean-Pierre Barbier, l’argument de la nidification des goélands ne tient pas. Plutôt qu’une interdiction, il prône pour un accès pédagogique, avec l’été des médiateurs environnementaux sur place. Et redoute que l’absence de présence humaine entraîne un abandon du site et des dégradations, faute de surveillance.
«Pas justifié sur le plan ornithologique»
L’île Dumet, c’est une pastille de 8 ha, composée de deux plages et de deux forts. Autrefois privée, elle est aujourd’hui propriété du conservatoire du littoral et cogérée avec le Département, Dumet environnement patrimoine et la commune de Piriac. « L’accostage est difficile, il n’y a pas de ponton. Souvent les gens restent pique-niquer sur leurs bateaux, au mouillage, peu descendent vraiment sur l’île », note Jean-Pierre Barbier.
Dumet est aussi un lieu de nidification des oiseaux. C’est pour cette raison que l’association avait proposé il y a 3 ans l’interdiction d’accostage et de mouillage jusqu’au 15 juillet pour laisser les goélands nidifier en toute tranquillité. « Mais fermer toute l’île pour quelques pontes tardives, c’est disproportionné et ce ne sera pas compris des habitants de la presqu’île très attachés à ce lieu. Ce n’est pas justifié sur le plan ornithologique ».
Risque «d’une zone de non-droit»
L’association redoute même des dégradations faute de surveillance. « La présence de nos bénévoles, le balisage des sentiers que nous avons réalisé, permettent de sensibiliser les visiteurs. Interdire l’accès, c’est prendre le risque d’en faire une zone de non-droit », insiste le président.
Jusqu’en 2017, des saisonniers assuraient l’accueil, rémunérés par le Département qui a stoppé cette initiative. L’association souhaiterait qu’elle soit remise au goût du jour. « C’est possible de concilier des visites avec le respect de l’environnement et la protection des oiseaux ».
Soutien du cercle nautique
Le cercle nautique de Piriacsur-Mer soutient l’association dans son refus d’allonger l’interdiction : « l’île Dumet est depuis des générations la balade estivale familiale préférée des plaisanciers piriacais », rappelle le cercle.
«On aurait préféré une approche moins brutale »
Le sujet s’est aussi invité au dernier conseil municipal de Piriac. Stéphane Errien, élu de la minorité, a exprimé son incompréhension face à la prolongation de fermeture et a interpellé la maire Emmanelle Dacheux sur ce sujet. «Notre position est favorable à la protection de la faune et de la flore sur l’île Dumet mais on aurait préféré une approche plus pédagogique et moins brutale», a répondu l’élue. Une commission spéciale doit être mise en place par la commune pour recueillir les avis. La ville a jusqu’à début février pour rendre le sien. Stéphane Errien aurait souhaité que le sujet soit débattu au prochain conseil municipal qui se tiendra hors du calendrier de la consultation, si celle-ci est lancée ce mois de décembre.