Sécurité des installations de la raffinerie : Total mis en demeure par l’État
Organisée par la FDPL 44 (Fédération départementale des producteurs de lait), la FNSEA 44 et la JA 44 (Jeunes agriculteurs), une opération « coup de poing » s’est déroulée mercredi 20 décembre en début de soirée à Missillac.
Une bonne trentaine de producteurs ont bloqué pendant plus d’une heure un camion de Lactalis qui venait récolter le lait dans une exploitation située au Gériais. Les producteurs souhaitent ainsi faire pression sur Lactalis alors que celui-ci entame les négociations avec les magasins distributeurs.
« Ce que nous voulons c’est que Lactalis nous entende. Nous devons voir la direction de Lactalis vendredi et pour l’instant elle fait la sourde oreille à nos propositions », s’emporte Sébastien Gueno, responsable local FNSEA 44.
Le point d’achoppement est le prix du lait payé aux producteurs, négocié mensuellement, qui ne couvre pas les augmentations de charges. Alors que d’autres coopératives préservent la filière en réglant un prix correspondant au prix de revient, Lactalis est le seul à rester inflexible et à imposer un prix largement inférieur.
Le prix de revient tourne autour de 400 € et beaucoup de coopératives payent ce prix voire davantage. Lactalis est le seul à rester en dessous selon les producteurs qui estiment également que le prix n’est qu’une partie (importante, tout de même) du problème. Ils dénoncent surtout le refus de dialogue.
Cette action symbolique et pacifique sous les yeux de la gendarmerie traduit un profond malaise et le désir d’être enfin écoutés à défaut d’être entendus.
Ce n’est pas la première fois que la raffinerie de Donges est ainsi rappelée à l’ordre par l’État. Dans un arrêté en date du 18 décembre 2023, le préfet de LoireAtlantique a sommé la direction de TotalÉnergies de rattraper son retard dans la vérification de ses installations.
Suite à une visite d’inspection en octobre dernier, plusieurs « manquements » ont été constatés de la part de l’usine Seveso. Ainsi sur 345 tuyauteries de classe 2, 200 n’ont pas encore été inspectées « malgré un délai réglementaire fixé au 31 décembre 2022 ». Plusieurs réservoirs de stockage sont également concernés. Même « non-respect des délais » en ce qui concerne la résolution de « désordres » sur des ponts de tuyauteries. « Un vieillissement de ces équipements pourrait conduire à des fuites de produits polluants », rappelle le préfet qui donne de nouveaux délais sous peine de sanctions (amendes, suspension des ouvrages concernés…).
La direction assure de son côté que « le site de Donges a mis en place des moyens très conséquents pour assurer la sécurité de ses installations, notamment un programme d’inspection des équipements et tuyauteries» mené depuis 2018, pour un budget de 50 M€ par an. «Les tuyauteries de risque le plus élevé ont par ailleurs déjà été inspectées », précise-t-elle.
Jeudi 21 décembre, un rassemblement s’est tenu à 11 h à Donges, à l’appel de l’association de riverains AEDZRP. Un an jour pour jour après l’importante fuite d’essence survenue dans l’un des bacs de la raffinerie, qui a entraîné l’émission de vapeurs toxiques.
Un rassemblement à Donges
«Un an s’est écoulé […] sans que la population dongeoise soit informée ni protégée des polluants émis, protestent les membres de l’association. Une étude d’impact environnemental et sanitaire devait être disponible dès le mois de janvier 2023.» L’association réclame la publication de cette étude, la tenue d’une réunion publique, et la mise en place d’une information de la population «dès que l’industriel déclenche son Plan d’organisation interne » à la suite d’un accident.