L’Écho de la Presqu’île (SN)

Celui qu’elle appelait papa, lui impose des attoucheme­nts sexuels

Malgré ses dénégation­s, le beau-père a été condamné pour une agression sexuelle sur une jeune fille déficiente intellectu­elle le 19 décembre par le tribunal.

-

Alors même qu’il venait d’entendre sa condamnati­on : trois ans de prison dont deux avec sursis, reconnu coupable d’agression sexuelle sur sa belle-fille, le quinquagén­aire a martelé : « Je vous jure, je n’ai rien fait ».

Si cet homme de 51 ans se trouvait à la barre du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire le mardi 19 décembre, c’est parce que la fille de son épouse, déficiente psychique à la suite d’une méningite, a dénoncé ses abus. C’était en juin 2016, alors que sa maman était hospitalis­ée. Elle avait 21 ans, mais l’âge mental d’une enfant de cinq ans.

La jeune fille vit dans un établissem­ent spécialisé de Guérande au cours de la semaine, mais revient au domicile familial le week-end. Son beau-père, elle lui faisait entièremen­t confiance et l’appelait papa. Ce lundi matin de juin, alors qu’elle aurait dû avoir regagné son foyer guérandais, une voisine l’a vue dans la rue avec sa carte vitale à la main, elle s’est inquiétée et a appelé la maman. À son arrivée dans l’établissem­ent, la belle-fille s’est plainte et a expliqué les faits. Alors que son demi-frère était dans une autre pièce, le quinquagén­aire l’a appelée. Il était nu et l’a déshabillé­e, avant de lui imposer des attoucheme­nts sexuels. Elle a mimé certains gestes, tels que des « morsures sur les seins ». Selon lui, le prévenu ne lui aurait administré « qu’une gifle ».

Il avance la théorie du complot : « On m’a mis à la porte, je ne peux pas voir mon fils, c’était leur objectif ».

« Une situation qui s’est effondrée »

La version de la maman n’est pas la même : « Malgré ses difficulté­s, c’était une jeune fille pleine de vie, la joie même ». Elle souligne que sa fille « a déjà été victime d’un autre monsieur en 2012 et a ensuite été dépressive », mais qu’elle n’avait jamais eu de soucis avec son beau-père et que ces faits l’ont traumatisé­e. La maman pleure, crie : « Pourquoi, pourquoi a-t-il fait cela? Je n’ai pas de réponse». Son avocat, Me Franck Boezec évoque « la parole dévoilée de la victime à des spécialist­es du handicap, chargés de la protéger et particuliè­rement prudents ». Il évoque une pénétratio­n digitale. L’avocat poursuit : « Devant cet abus d’autorité que le quinquagén­aire refuse d’intégrer, je ne cache pas notre inquiétude ». Il dénonce « l’effondreme­nt de la situation de la maman, la mère de son fils ».

La procureure, Mathilde Defretin, n’a pas de doute sur la culpabilit­é du prévenu : « La jeune fille n’a jamais changé de version et l’a réitérée lors de sa confrontat­ion avec le prévenu ». Elle insiste sur les expertises psychiatri­ques : « La jeune fille n’a pas la capacité intellectu­elle d’inventer ».À l’issue de cette agression, elle a perdu plusieurs kilos et a dû être hospitalis­ée. Son agresseur, lui, «ne s’est pas présenté à l’expertise psychiatri­que. »

Elle regrette l’attitude du mis en cause : « Jusqu’au bout et avec force, il a tout nié ». Le prévenu a ajouté : « Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais seul avec sa fille. Je suis le mauvais et je ne sais pas pourquoi ».

La procureure avait requis 30 mois dont 18 avec sursis probatoire. Le tribunal a été audelà. Il a interdicti­on de contact avec la victime. Il devra verser des indemnités à la jeune fille et à sa mère, soit un total, avec les frais de justice, de 7500 €.

Newspapers in French

Newspapers from France