L’élu démissionnaire relaxé des menaces de mort sur trois de ses collègues de la majorité
L’ex-conseiller municipal baulois, Pascal Mabit, était mardi à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, jugé pour des menaces de mort sur trois élus faisant partie, comme lui, de la majorité. Il a été relaxé.
Avant même que la présidente du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire n’ouvre le débat, Pascal Mabit dit en pleurant : «Je ne sais pas ce que je fais ici». Deux adjointes sur les trois élus ayant porté plainte (Annabelle Garand, Laurence Briand et Nicolas Appert), le 30 mai et le 1 juin 2023, pour des menaces de mort sont sur le banc des victimes.
Celui qui s’est présenté «comme la cheville ouvrière de la campagne de Frank Louvrier », a démissionné en juillet dernier.
Les relations se sont envenimées à cause d’un arbre (« un arbrisseau » corrigera le prévenu). Alors qu’il gênait la terrasse du bar-PMU de l’avenue Lajarrige à La Baule-les-Pins, le propriétaire a demandé son abattage. Ce qui, au regard de l’environnement, lui a été finalement refusé par la mairie.
Le soir du 31 décembre 2022, Pascal Mabit s’en est chargé luimême, comme en a témoigné la caméra de vidéosurveillance. Coup dur pour la majorité municipale. Dès janvier, les victimes présentes ont demandé sa démission au maire, Frank Louvrier qui l’a refusée.
À la barre, le quinquagénaire qui reconnaît son franc-parler, concède : «Je me suis cru audessus de la loi, j’en avais parlé au maire qui n’était pas d’accord ».
L’atmosphère s’est aussitôt tendue, ce qui, à l’audience, a fait dire à la procureure : « On a la naïveté de croire que les élus ont d’autres préoccupations que celles de s’écharper au sein de leur équipe ». Mais les menaces de mort, prononcées lors du cocktail qui a suivi les conseils municipaux des 31 mars et 26 mai derniers, ont plongé les victimes «dans la crainte ».
Devant témoins, il a parlé des « Iscariote », nom de famille de Judas qui a vendu Jésus pour trente pièces d’argent. Ce synonyme de traître, le Baulois l’a estimé inapproprié : « Je n’avais pas à parler comme ça… »
D’autres menaces, rapportées par des témoins, ont aggravé son cas : « Heureusement que tu n’es pas à la mairie d’Ajaccio, car en Corse, avec les propos que tu tiens, tu risquerais de finir dans le port ».
« Je me suis cru au-dessus de la loi »
«On voulait sa démission… »
Lorsque celui qui se décrit « hyperactif, aux 5 000 contacts, issu du monde rural différent de celui de La Baule, bon père pour ses trois enfants », entend la suite, il s’effare : « Non, je n’ai pas de contacts avec la pègre nantaise… et d’amis gitans. »
Selon lui, lorsqu’il a prononcé des menaces, ce n’était jamais nominatif. Il s’adressait « au citoyen ».
Les deux adjointes ont exprimé leurs craintes : «On a reçu des messages injurieux, on a été menacées de mort en public… » L’élu absent a affirmé « avoir été qualifié de traître… »
L’homme de 54 ans se déclare victime : « J’ai eu du crottin de cheval dans ma boîte à lettres, des crottes de chien sur ma pelouse », ajoutant : « Pourquoi sont-ils seulement trois à se plaindre ? »
Comme il avait également déclaré : « J’ai des fusils, je ne ferai pas appel à la police », il y a eu une perquisition par la brigade de recherche et d’intervention de Nantes — qui lui reste en travers de la gorge - à son domicile. Il s’agissait d’armes de chasse, étant « bécassier depuis l’âge de 9 ans ».
Avocat des trois élus, Me Benjamin Mazaud, a réagi : «Les seules victimes, ce sont mes clients». Selon les propos tenus par le prévenu : « Ils sont des traîtres et donc méritent un sort funeste». Il a décortiqué « le climat dans lequel se trouvent celui qui lance les menaces et celui qui les reçoit ». À ses yeux, comme à ceux de la procureure, « la culpabilité est indiscutable ».
« Les menaces de mort sont l’antichambre des violences… il était temps d’y mettre un terme », a souligné la représentante du ministère public.
Comme son client, Me Aurélie Wojcik a le verbe haut et s’échine à s’attacher au droit : « Vous n’avez ni élément légal, ni matériel, ni intentionnel, il n’avait ni le dessein, ni le projet de mettre ses menaces à exécution ». Elle concède : « Il s’est mal exprimé, il n’avait pas à parler de ses armes », et ajoute : « On voulait sa démission, on l’a obtenue ».
La procureure avait requis huit mois de prison avec sursis, le tribunal ne l’a pas suivie.