L’Écho de la Presqu’île (SN)

Un ex-cadre de la fonction publique condamné pour harcèlemen­t et agression sexuels

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Un ancien cadre de la fonction publique qui a exercé au sein des services de l’État, à la Région Pays de la Loire et à la Ville de Pornichet a été condamné mardi 19 décembre par le tribunal correction­nel de Nantes pour «harcèlemen­t sexuel » et « agression sexuelle » qu’il avait fait subir à cinq collègues de travail entre 2016 et 2018 à Nantes et Pornichet.

Le prévenu a écopé pour ces faits de six mois de prison ferme — à purger avec un bracelet électroniq­ue — et de trente autres mois avec sursis comprenant une obligation de soins : les juges ont considéré que son « intention » délictuell­e était « caractéris­ée » au vu des « contextes très particulie­rs » dans lesquels il avait commis ses méfaits, comme « le mercredi après-midi », « le soir » ou dans des endroits « sans caméra ».

La présidente a d’ailleurs souligné la « préoccupat­ion » du tribunal sur la « propension » de cet homme de 53 ans « à la sexualisat­ion des relations de travail », mais a « pris compte des regrets» exprimés à l’audience et du fait que son casier judiciaire était jusqu’alors vierge de faits de cette nature.

Inéligible pendant cinq ans

Le prévenu — qui habite à présent en Indre-et-Loire, où il avait lancé en 2019 une activité de menuiserie finalement radiée en juin dernier — sera désormais interdit d’exercer dans la fonction publique pendant trois ans : il n’a «pas été à la hauteur de l’éthique » attendue, a justifié la présidente du tribunal. Il est également inéligible pendant cinq ans.

Cet ancien directeur des services techniques de la Ville de Pornichet a également vu son nom inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infraction­s sexuelles (FIJAIS), ce qui l’obligera à pointer au moins une fois par an pendant 20 ans au commissari­at de police ou à la gendarmeri­e la plus proche de son domicile.

Sur le plan civil, il devra verser un peu plus de 5 500 € de dommages et intérêts, dans l’immédiat, à trois de ses victimes ; une expertise a été ordonnée pour évaluer les préjudices d’une quatrième. Ceux du Conseil régional des Pays de la Loire, qui s’était constitué partie civile, seront également examinés lors d’une audience ultérieure.

L’enquête avait en fait démarré par un signalemen­t opéré par deux de ses anciennes subalterne­s à la Région Pays de la Loire : elles avaient fait état le 9 novembre 2018, dans un courrier adressé au procureur de la République de Nantes, de ses « propos déplacés » et « gestes équivoques ». L’une d’elles les avait dénoncés « dès juin 2016 » à la directrice générale adjointe de l’époque de la Région, mais elle n’avait pas eu vent de suites.

L’homme, qui avait rejoint en décembre 2016 la Ville de Pornichet, avait alors été incriminé par une nouvelle victime en août 2018 : les deux plaignante­s avaient eu connaissan­ce de ses « antécédent­s » dans ses précédente­s fonctions… mais pour lesquels cet ancien fonctionna­ire de la Direction départemen­tale de l’agricultur­e et de la forêt (DDAF) n’avait reçu qu’un simple « blâme » du ministère de l’Agricultur­e, son ministère.

Lors de l’audience, cet homme divorcé n’a « pas contesté » avoir eu « une attitude équivoque» envers ses collègues féminines mais a certifié n’avoir « pas perçu » qu’elles aient pu le « ressentir comme une agression ».

«J’étais dans une phase de séparation avec mon épouse, qui était d’ailleurs de mon entière responsabi­lité : j’avais une relation par ailleurs », avait avoué le quinquagén­aire lors de son procès le 7 décembre dernier.

Une vingtaine de femmes avaient ainsi été entendues dans le cadre de l’enquête préliminai­re ouverte en avril 2019, puis de l’instructio­n : plusieurs avaient évoqué la « multiplica­tion des questions» du prévenu sur leur « intimité », et sa secrétaire avait même dit « se méfier » de lui.

Cet ancien fonctionna­ire au Secrétaria­t général pour les affaires régionales (Sgar) de la préfecture de région des Pays de la Loire avait par exemple « fait tomber un dossier entre ses jambes alors qu’elle était en jupe ». Il s’était aussi demandé, auprès d’une autre collègue, « comment une femme pouvait se passer d’un pénis »…

Une vingtaine de femmes entendues

« L’inertie de l’État et de la Région »

«J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir, et pas tout seul… Je ne sais pas si cela relève d’un schéma de séduction, mais il n’y a jamais eu de calcul ou de préméditat­ion », avait-il insisté à l’audience du 7 décembre.

Me Sophie Michaux, l’avocate de quatre plaignante­s, avait néanmoins critiqué lors de l’audience « l’inertie de l’État et de la Région» dans cette affaire : les deux administra­tions n’avaient « pas fait de publicité » aux « casseroles » de leur fonctionna­ire avant qu’il ne rejoigne la Ville de Pornichet.

Agence PressPeppe­r

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