Constructions de logements : le Zan inquiète le maire
Lors du dernier conseil municipal de La Baule, Franck Louvrier a exprimé ses craintes que la loi Zan soit appliquée de manière trop stricte.
Avec un foncier rare et très cher, La Baule, comme d’autres communes de la Presqu’île, est confrontée de plein fouet à la crise du logement.
Cependant, «le mois dernier, lors de notre précédent conseil municipal, nous avions partagé quelques bonnes nouvelles en la matière de logement : un nouveau contrat de mixité sociale plutôt bienveillant et notre classement en zone A, flux très tendu, vis-à-vis des services de l’État », a déclaré le maire Franck Louvrier en préambule de la séance du 15 décembre.
Les avantages du reclassement
Ce passage de la zone B1 à la zone A, décidé par l’administration, vise à favoriser la construction de logements locatifs privés et l’accession à la propriété, en relevant le plafond des aides.
Ce reclassement permettra également aux ménages de bénéficier du nouveau prêt à taux zéro à partir de 2024.
Il a pour but aussi de contribuer à combler une partie du manque de logements locatifs à l’année en attirant davantage d’investisseurs privés en actionnant la carotte de la défiscalisation.
Mais ces bonnes nouvelles sont contrariées aujourd’hui par la loi Climat et résilience avec son objectif de «Zéro artificialisation nette » (Zan) des sols en France à l’horizon 2050.
Cette mesure vise à limiter la conversion d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, en espaces urbanisés, en fixant un calendrier progressif de réduction de l’artificialisation.
Les surfaces artificialisées regroupent par définition l’habitat et les espaces verts associés, les zones industrielles et commerciales, les équipements sportifs ou de loisirs, les réseaux de transport, les parkings ou encore les mines, décharges et chantiers.
«Cette lutte contre l’artificialisation des sols est aujourd’hui un enjeu majeur pour limiter le réchauffement climatique, un sol artificialisé n’absorbant plus de dioxyde de carbone, reconnaît Franck Louvrier. Près de 5 hectares de terres agricoles disparaissent chaque jour dans les Pays de la Loire, soit l’équivalent de 7 à 8 terrains de football. »
«Seulement voilà, “l’enfer est pavé de bonnes intentions” : cette loi en est l’exemple typique […]. Nous sommes face à la quadrature du cercle : comment d’un côté répondre à l’urgence du manque de logements et de l’autre ne pas continuer à développer l’urbanisme sur des terres naturelles ? », interroge le premier édile baulois.
La Baule « bonne élève »
« Évidemment, nous ne pouvons qu’être d’accord avec l’esprit de la loi, mais à condition de fixer un cadre en adéquation avec le territoire. C’est le principe d’une bonne loi : elle fixe un cadre général, contraignant, mais aussi suffisamment souple pour permettre de s’adapter », poursuit Franck Louvrier qui demande à l’État « de laisser des marges de manoeuvre » aux élus locaux.
« Ici, à La Baule, nous sommes particulièrement bon élève avec le cas de notre ancien camping municipal, dont les 9/10 e, soit 4,8 hectares, vont revenir à la forêt d’Escoublac : c’est bien la preuve que nous savons renaturer », plaide le maire qui ne cache pas ses inquiétudes.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions »
Non aux immeubles de grande hauteur
« Je crains qu’une application stricte de la loi Zan, de la même façon que la loi SRU (sur le logement social — NDLR —), provoque davantage d’immobilisme alors que notre pays doit envisager de construire chaque année 450 000 logements. »
« Pour remédier à ce contexte, je ne serai pas le maire qui refera l’erreur des années 60 de construire à nouveau la ville sur la ville avec des immeubles de grande hauteur, car certains commencent à nous redire que “si on ne peut pas s’étaler, il va falloir s’élever”»,a conclu Franck Louvrier.