L’Écho de la Presqu’île (SN)

L’escapade se termine à l’hôpital pour Madame, en prison pour Monsieur

Bien qu’il se soit posé en victime, le quadragéna­ire n’a pas réussi à convaincre le tribunal correction­nel de Saint-Nazaire, compte tenu des blessures de sa compagne, de lui avoir asséné seulement une gifle. Le mardi 26 septembre, il a été incarcéré.

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Le mardi 26 décembre, tout au long de sa comparutio­n immédiate devant le tribunal correction­nel de Saint-Nazaire, moult détails à l’appui, le prévenu de 45 ans, s’est posé en victime.

Pourtant, il n’a pas paru surpris lorsqu’il a appris qu’il quittait le box des accusés pour la prison, condamné à douze mois, dont la moitié avec sursis probatoire. Jusque-là, il avait eu une dispense de peine en 2014 et une autre affaire avait été classée sans suite.

Le couple, résidant au domicile de la jeune femme à Grenoble, occupait un appartemen­t (loué sur Airbnb), depuis le 20 décembre, avenue du Général de Gaulle à Saint-Nazaire.

Le samedi 23, il était un peu plus de 6 h, lorsqu’une voisine (ayant choisi le même mode de location), lasse d’entendre « une jeune femme se faire taper dessus et appeler à l’aide » alerte la police. Elle estime que les faits durent depuis une heure, ce qui est impossible aux yeux de l’avocat de la défense, Me Pierre-Henri Marteret, compte tenu des déclaratio­ns de l’ami qui les a déposés après les sorties en boîtes de nuit.

Évincé d’une discothèqu­e

Lorsque les policiers intervienn­ent, ils trouvent le prévenu ivre, torse nu et sa compagne, alcoolisée également, terrorisée, en pleurs, très marquée, crachant le sang.

La présidente, Aurélie Durocher,

explique que le couple se connaît depuis peu, mais que quinze jours après leur rencontre, l’homme arrivait chez la victime avec ses affaires : « La victime dit avoir compris aussitôt ».

Pour en revenir à leur escapade à Saint-Nazaire, il explique que sa compagne voulait absolument sortir, alors qu’il se dit casanier. Qu’ils vivent la passion. Il n’hésite pas à décortique­r ce qui définit une passion! Il ajoute qu’ils sont jaloux tous les deux… Conduits le soir du 22, par le meilleur ami de la victime, ils sont d’abord allés dans un bar de Pornichet puis dans une discothèqu­e de Guérande. Un meilleur ami qui mentionne qu’il a été témoin d’insultes. Une morsure sur l’épaule de la jeune femme « a conduit le videur à virer le prévenu ».

La liste des blessures de la victime, atteinte de fibromyalg­ie, qui a dû être hospitalis­ée deux jours, est impression­nante. Une autre liste est également impression­nante, celle de ce « régisseur, ingénieur du son en chef, harcelé par deux autres compagnes, qui touche le RSA en même temps que des revenus de la Sacem… »

Chevalier blanc, il aurait refusé trois contrats depuis mars, soit environ 100 000 €, parce qu’elle était suicidaire, et qu’il a préféré rester à ses côtés, etc. Il ne reconnaît «qu’une forte gifle» et donne des détails : «On a l’habitude de se mordre en faisant l’amour »

De quoi heurter le faible auditoire, mais surtout la procureure, Marie-Céline Loubaresse : «À force d’avoir réponse à tout, Monsieur en arrive à se prendre les pieds dans le tapis… » Elle n’apprécie guère qu’il se fasse passer pour une oie blanche, et qu’il jette l’opprobre sur la victime, dont la fragilité est évidente. Elle s’adresse au tribunal « Vous voyez bien que ce n’est pas la réalité ».

Certain que les faits de violence n’ont pas pu durer une heure, Me Marteret s’étonne encore : «Pourquoi est-ce que l’ami ne l’a pas retenu. Il a lui-même déclaré : “Dans la soirée, il m’a traité de tous les noms, j’ai préféré sortir fumer, j’aurais pu le tuer”. »

Il s’étonne d’autant plus que « alors qu’elle voulait se séparer de lui, c’est elle qui a réservé leurs billets pour le Brésil ». Pourquoi le Brésil? D’après le prévenu pour des opérations de chirurgie esthétique. Le parquet demandait dix-huit mois de prison dont huit avec sursis probatoire, le tribunal en a prononcé douze dont la moitié avec sursis probatoire. Le quadragéna­ire est maintenu en détention. Comme il a la parole en dernier, il s’est lancé dans une nouvelle litanie, mais son avocat l’a arrêté.

« On a l’habitude de se mordre en faisant l’amour »

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