En faisant demi-tour devant les gendarmes, ils se jettent dans la gueule du loup
Ces deux jeunes ont été condamnés la semaine dernière par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. L’un, 24 ans, est incarcéré.
Samedi 16 décembre à 2 h du matin, alors qu’un accident vient de se produire, route des Landes à Prinquiau et que les gendarmes sécurisent les manoeuvres d’une dépanneuse, ils distinguent deux véhicules qui se suivent et font demi-tour. Ils subodorent que les chauffeurs n’avaient guère envie de se trouver en leur présence et les suivent. L’un s’embourbe dans un chemin. La fouille de sa voiture permet de trouver 70 g de marijuana et 310 € en espèces. Il a été jugé sous la forme d’une reconnaissance préalable de culpabilité le mardi 19 décembre par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire qui l’a condamné à six mois de prison avec sursis. Le chauffeur de l’autre véhicule, âgé de 24 ans, a été localisé au domicile familial à Campbon.
S’étant présenté à la gendarmerie, il a été jugé en comparution immédiate mercredi 20 décembre. Il a quitté le box pour la prison. Les conversations des deux chauffeurs au moment des faits ne leurrent personne, il s’agit bien de stupéfiants, ce que confirme la perquisition dans la chambre du Campbonnais : 5 kg de résine de cannabis, 88 g d’herbe et 860 € en espèces. Soit une valeur de 52 000 €. Dire que les déclarations de celui qui se dit « nourrice » ont été abracadabrantesques n’est pas exagéré. Consommateur, il déclare que son père lui aurait mis récemment 10 000 € sur son compte. Soit il ne veut pas dire le nom du dealer nantais dont il exécute les ordres et à qui tout ce qui a été trouvé appartient, soit il a tout inventé… Son seul intérêt : « arranger le Nantais ».
Le procureur hausse le ton
« Je suis perplexe », a déclaré le procureur Kevin Le Fur, au regard des déclarations du prévenu. À ses yeux, « ses déclarations ne prennent attache sur aucun élément du dossier». Soulignant « Vous avez le droit de mentir », il hausse le ton : « Vous refusez de dire le nom de votre fournisseur, vous vous rendez compte qu’aujourd’hui, vous encourez dix ans de prison ». Réponse : « Je ne le dirai pas ». Il a toutefois concédé : « J’ai envie d’arrêter et de me soigner ». Me Julie Conta présente un « suiveur, un homme fragile, qui a choisi une stratégie de défense qui lui permettrait d’amenuiser sa peine ».
L’avocate de la défense se déclare ahurie : « Lors de sa dernière audition, ce jeune a déclaré avoir fait, depuis 2020, 185 000 € de chiffre d’affaires et 124 000 €. Or, aucune vérification n’a été faite sur son train de vie, sur ses comptes ». D’où son interrogation : « Où est cet argent ? » Elle a essayé de lui éviter l’incarcération. Sans succès. Le jeune homme a été relaxé pour une partie des faits, condamné à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis probatoire. Une peine inférieure aux réquisitions.