Apprenant qu’il perd l’autorité parentale, le quadragénaire s’emporte violemment
Un homme de 44 ans a été condamné le mercredi 20 décembre par le tribunal correctionnel pour des violences sur la mère de ses quatre enfants, quoique celle-ci ait bien regretté d’avoir porté plainte. Il reste en prison.
Placé en détention provisoire le 14 novembre, lorsqu’il entre dans le box des accusés du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, le 20 décembre, le quadragénaire montre d’emblée qu’il n’a pas perdu son tonus.
Le 11 novembre, sa compagne est allée à la gendarmerie se plaindre d’avoir reçu des coups. C’était deux jours plus tôt, elle est alors partie chez ses parents. Père et gendre ne s’apprécient pas. Le père explique qu’il a été témoin de scènes de violences à plusieurs reprises, constaté des traces suspectes sur sa fille qui vient au moins chez eux une fois par semaine se plaindre. Il dit avoir été lui-même insulté ce jour-là.
Le 12 novembre, en début de soirée, les gendarmes interpellent le quadragénaire avec difficultés. Ils disent qu’ils étaient trois pour le maintenir au sol, qu’il leur a récité une litanie d’insultes, craché dessus.
À l’audience, cette évocation des faits énerve le prévenu : « Ils sont arrivés avec des armes, mon fils de deux ans était dans mes bras, mes filles à côté… » Le président mentionne que sa femme avait dit qu’il était armé, c’est la raison pour laquelle les gendarmes ont fait preuve de prudence. Le prévenu poursuit : « Ma fille de six ans criait : lâchez mon père, ils me tapaient… J’aurais pas dû, mais c’est pour elle que j’ai fait ça. D’ailleurs, je les ai insultés, mais je n’ai pas craché. » Il déclare que les filles ont préféré rester avec lui. L’une a déclaré n’avoir jamais vu son père frapper sa mère.
« Je l’aime, je veux qu’il revienne »
Alors que les gendarmes ont régulièrement été appelés dans cette famille, l’homme jure ses grands dieux qu’il a souvent été violent verbalement, mais qu’il n’a jamais frappé son épouse. Sauf une fois : « J’ai été violent, j’ai payé, j’ai été en prison ».
Revirement. Lorsque la victime s’approche de la barre, elle n’a plus aucun grief contre son compagnon, bien au contraire. Elle affirme : « Je n’ai aucun souvenir d’avoir reçu un coup. Je l’aime. Je veux qu’il revienne. C’est un bon père ».
Elle ne fait que pleurer, se tourne continuellement sur sa fille adolescente présente dans la salle. Le procureur comprend que sans son mari, qui ne travaillant pas, a dit être très présent auprès de ses enfants, assurer les repas, etc., elle a pu être dépassée, mais il lui rappelle la fonction de protection qui est la sienne : « J’ai l’impression que vous mentez. Vous avez donné beaucoup de détails dans vos auditions. Les violences ont commencé il y a douze ans. Pour moi, pour votre protection et celle des enfants, c’est mieux qu’il ne soit plus à la maison ». En face, le prévenu s’énerve, le président lui ordonne de se taire, mais le mis en cause sort de ses gonds : « J’en ai rien à foutre, moi, de ton regard ».
La plaidoirie de l’avocate de la partie civile, Me Mathilde Rolland, est courte : « Cette maman porte la culpabilité d’avoir déposé une plainte. Elle s’inquiète beaucoup pour la suite et ne souhaite pas qu’une interdiction de contact soit prononcée ».
De son côté, le mis en cause concède : « Moi, je l’aime, mais je ne crois pas que je puisse retourner avec elle. Ce que je veux, c’est continuer à voir mes enfants». Le procureur mentionne évidemment le changement de version de la prévenue, après une plainte en bonne et due forme, photos à l’appui. Il rappelle la situation pénale de cet homme : une vingtaine de condamnations et un bracelet électronique retiré fin octobre, soit une dizaine de jours avant les faits reprochés. Me Alicia Pla rebondit aussitôt : «Il y avait un rendez-vous pour une assistante éducative le 13 novembre, cela stressait le papa qui s’investit énormément pour ses trois enfants mineurs. » L’aînée a en effet quitté le foyer. L’avocate ajoute : « Madame a eu la Covid, et leur présence quotidienne au domicile a été difficile, mais il n’est pas allé jusqu’aux violences physiques ».
Elle évoque les multiples certificats médicaux que madame devait produire, et qui n’ont pas été trouvés, une amie qui pourrait être entendue, mais dont elle a ensuite refusé la présence, la détention d’armes… non retrouvées « dans le capharnaüm » qu’était le logement. Elle insiste sur la dépendance de l’homme par rapport à la femme : « Il n’a pas de compte bancaire, elle gère ses médicaments… » Elle insiste surtout sur l’autorité parentale : «Lui retirer serait aller contre les intérêts des enfants ».
C’est pourtant ce que le tribunal prononce. Outre cette sanction, les juges condamnent le prévenu à deux ans de prison, dont la moitié avec sursis probatoire. Il a interdiction de paraître au domicile de sa compagne.
Il fallait s’y attendre. L’homme réagit violemment, incendiant ses juges de propos peu sympathiques, avant de retourner derrière les barreaux.
« Ce que je veux, c’est continuer à voir mes enfants »