L’Écho de la Presqu’île (SN)

La mère de famille violente un juge après l’annonce du placement de son enfant

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La Cour d’appel de Rennes a confirmé mardi 9 janvier la condamnati­on d’une mère de famille nazairienn­e après des violences infligées à un magistrat suite à l’annonce du placement de son enfant aux services sociaux.

« Des propos incohérent­s »

En milieu de matinée, le 9 septembre 2022, les policiers ont dû intervenir au tribunal judiciaire de Saint-Nazaire : une justiciabl­e était retenue par les services de sécurité après avoir violenté le juge des enfants qui venait de lui annoncer le placement de son enfant.

Cette femme de 44 ans était originelle­ment convoquée dans le cadre d’une audience d’assistance éducative, en présence de la greffière, d’une éducatrice et d’une psychologu­e.

Les profession­nels avaient constaté qu’elle tenait « des propos incohérent­s », évoquant « des vols, des viols, de la prostituti­on d’enfant ». Elle avait refusé d’entendre l’expertise sollicitée par le magistrat, qui concluait justement qu’elle avait «des troubles du comporteme­nt » nécessitan­t « des soins qu’elle n’accepte pas ».

À la fin de l’audience, elle s’était vu annoncer « le placement » de son enfant et avait « quitté le bureau » du juge en « oubliant ses affaires ». Elle était donc revenue «très rapidement », les chercher avant de « lesjeter au sol» ainsi que le pot à crayons du magistrat.

Ce dernier lui avait demandé de « partir » et l’avait « saisie par le bras pour lui faire passer la porte », mais n’était pas parvenu à la faire sortir pour « ne pas la blesser ». Il l’avait finalement maîtrisée en « la prenant par les poignets » et en la maintenant « contre le mur » en attendant que sa greffière aille trouver de l’aide.

La présidente du tribunal présente «en commission de gestion à côté» et avait été alertée par les cris : elle l’avait invitée à « la regarder » pour « la calmer », mais cela n’avait «pas eu l’effet escompté» puisqu’elle avait « donné des coups de pied dans les jambes du juge » qui lui avait fait remarquer qu’elle venait de l’égresser. « Et alors ? », lui avait répondu la mère de famille d’origine argentine, qui a finalement été prise en charge par un agent de sécurité à l’issue de cette audience pour le moins « compliquée ».

Interdicti­on de venir à Saint-Nazaire

Elle avait été placée en garde à vue, mais le médecin avait conclu que son état était « incompatib­le » avec la mesure. Une hospitalis­ation était donc intervenue, mais elle était « sortie en signant une décharge » dans la soirée, sans avoir « bénéficié des soins jugés essentiels par le psychiatre ».

Plus tard, elle expliquera s’être sentie «dévalorisé­e par le juge », mais contestera avoir «donné un coup de pied». Malgré la présence de témoins : elle finira son audition en indiquant avoir été « persécutée et discriminé­e par l’administra­tion ».

Le tribunal correction­nel de Nantes l’avait en conséquenc­e condamnée à trois mois de prison avec sursis, en retenant toutefois « l’altération de son discerneme­nt ». Elle avait eu interdicti­on de paraître dans la juridictio­n nazairienn­e, « sauf pour comparutio­n », pendant deux ans.

«Toujours très choqué par cette agression»

Mais la quadragéna­ire jamais condamnée a fait appel sans toutefois se présenter devant la Cour d’appel de Rennes lors de son procès du 27 novembre dernier. L’avocat du magistrat victime de violences, Me Erwan Le Moigne, avait pour sa part fait le déplacemen­t.

Il avait alors fait remarquer que le magistrat était « toujours extrêmemen­t choqué par cette agression ».

« Seul son sang-froid a permis de la calmer, et d’éviter qu’elle ne s’en prenne à la greffière ou à d’autres personnes présentes », ajoute-t-il.

« Au lieu d’essayer de comprendre que cette mesure est dans l’intérêt de son fils, elle part dans cet excès de violence », avait aussi déploré l’avocat nazairien, dont le client souffre toujours d’une « anxiété généralisé­e » et est suivi par un psychologu­e.

L’avocat général avait pour sa part conclu que « la violence à l’égard du magistrat était parfaiteme­nt établie ». Il avait réclamé sa condamnati­on à six mois de prison, dont trois ferme. Finalement, la cour d’appel a confirmé le jugement prononcé en premièr instance.

Agence PressPeppe­r

Coups de pied dans les jambes

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