L’Écho de la Presqu’île (SN)

Pour venger l’honneur de son ami, il tabasse un homme de 19 ans

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Détenu provisoire­ment depuis six mois, dans le cadre de l’affaire dite « de stups d’Angers », le Nazairien aura 21 ans en avril. Le 9 janvier 2024, il est dans le box des accusés du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire pour répondre de graves violences commises il y a trois ans sur un Trignacais alors âgé de 19 ans.

Un lourd stress post-traumatiqu­e

Le 14 décembre 2021, la victime, qui vit chez sa mère, croise, dans le bus, un voisin avec qui il n’est pas en bons termes. Une altercatio­n éclate. Le voisin, qui ne veut pas en rester là, organise sa vengeance en faisant appeler la victime par une jeune fille. Un rendez-vous est donné entre la victime et le prévenu, qui n’est autre que le beau-frère de l’autre acteur de la bagarre du bus. De multiples coups sont alors échangés, et une vidéo enregistré­e. Le prévenu aurait utilisé un objet contondant, qui a causé à la victime une fracture du crâne, une plaie de plusieurs centimètre­s, et une hémorragie interne, obligeant le personnel soignant du centre hospitalie­r de Saint-Nazaire à le diriger vers celui de Nantes.

Une incapacité totale de travail a été décrétée pour 20 jours. Six mois plus tard, le médecin légiste fait toujours état d’un « lourd stress post-traumatiqu­e ».

À l’audience, le président Stéphane Benmimoune pousse ses investigat­ions. Le prévenu déclare ne pas avoir vu la vidéo diffusée sur internet qui le met en cause. Il évoque un coup de couteau dont il n’avait jamais parlé et précise : « J’étais avec des gens, mais je ne veux pas donner leurs noms ». Le beau-frère du prévenu, en cause dans la bagarre du bus, est retrouvé mort le 22 mai 2022, au bord d’une route nazairienn­e.

Une « erreur de jeunesse »

De la prison de La Roche-surYon où il se trouve, le prévenu reconnait les faits par visioconfé­rence, mais les met sur le compte d’une « erreur de jeunesse » : « J’avais 18 ans, tout juste majeur, je n’ai pas réfléchi. Aujourd’hui, j’ai pris conscience de ce que j’ai fait et je m’en excuse. C’était bête, je regrette. » Son avocate, Me Julie Conta, précise au cours du procès que ce jeune au casier judiciaire vierge a mis cette détention à profit pour suivre des formations et des cours de français, durant lesquels «son comporteme­nt a été exemplaire ».

Des regrets «de pure circonstan­ce »

La procureure, Mathilde Defretin, n’est pas convaincue par les excuses et les regrets du prévenu qu’elle estime « de pure circonstan­ce ». À ses yeux, «défendre l’honneur de son ami, blessé dans son amour-propre, ne justifiait pas de telles violences ». Elle mentionne que, terrorisée, la victime a envoyé un courrier au tribunal pour retirer sa plainte.

Me Julie Conta explique les difficulté­s et le manque d’éducation du prévenu : « Sa famille, ce sont ses copains, et son milieu c’est la drogue, la violence… » Elle s’étonne qu’il soit le seul poursuivi alors qu’ils étaient plusieurs au moment des faits. Elle ajoute qu’il s’est « présenté spontanéme­nt à la police et que la violence n’est pas dans son ADN. » Non seulement le tribunal ne l’entend pas, mais il va au-delà des réquisitio­ns du ministère public : trente mois (24 demandés), dont douze avec sursis probatoire. Il a interdicti­on de tout contact avec la victime et ne pourra détenir une arme pendant cinq ans.

Le condamné pourrait faire appel.

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