Escroquerie, faux documents, infractions routières, stups… mais un prévenu absent
Le prévenu avait cinq condamnations à son casier judiciaire. Il en a désormais neuf. C’est la décision du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire qui l’a jugé en son absence pour escroquerie, abus de confiance, faux en écriture et infractions routières.
L’absence du prévenu de 27 ans, le mardi 9 janvier au tribunal correctionnel de SaintNazaire, n’a surpris ni le tribunal ni le parquet. Apparemment coutumier du fait, il avait toutefois téléphoné le matin pour dire qu’il n’avait pas compris qu’il était convoqué ce jour-là. Il avait jusqu’alors cinq condamnations à son casier judiciaire et devait répondre de quatre infractions.
Tout d’abord, une Nazairienne a expliqué que début avril 2021, elle avait loué un appartement à cet homme. Il lui avait fait bonne impression et surtout lui avait remis des bulletins de salaire et un contrat de travail à durée déterminée. Mais, le 27 avril, n’ayant reçu ni le premier loyer de 550 € ni le chèque de caution du même montant, elle se renseignait auprès de son employeur. Tout était faux (mais bien réalisé) et le locataire était inconnu dans la société. Il a quitté le logement au bout de six mois, sans avoir versé un seul loyer et en emportant plusieurs objets. En garde à vue, le jeune homme avait reconnu avoir volé uniquement une couette, précisant : «Les oreillers, ce n’est pas moi. Le décodeur TNT, il a grillé, je l’ai jeté, la table basse, elle était vieille et fragile… mais je suis prêt à dédommager la victime ». Une victime très marquée par cette escroquerie : « J’ai retrouvé l’appartement dans un triste état, j’ai essayé de lui tendre la main, je me suis retrouvée en grande difficulté à tel point que j’ai dû vendre cet appartement. C’est un escroc, un menteur ».
La procureure, Mathilde Defretin, non sans avoir rappelé les difficultés des enquêteurs à l’auditionner, avait requis quatre mois de prison ferme. Le tribunal l’a suivie. La victime a été déboutée de ses demandes de loyers non payés, obtenant 1 200 € de préjudice moral.
Confiance trahie
À ses côtés se trouvait un assistant d’éducation. Lui aussi, été victime de l’absent qu’il a côtoyé à l’unité hospitalière d’Heinlex à Saint-Nazaire. Le 9 juin 2021, il lui a confié sa carte bancaire pour qu’il achète deux chargeurs et un paquet de cigarettes. Sauf que le prévenu a préféré faire un retrait de 500 € et s’offrir une console et un jeu vidéo pour 259,98 €. Évidemment, le plaignant n’a jamais revu ni le précieux Sésame, ni le mis en cause et a dû faire opposition à la banque. Interrogé, le malfaiteur reconnaissait l’achat, mais «avait compris qu’en ce qui concerne les 500 €, il s’agissait d’un prêt ». D’autre part, il faisait croire aux enquêteurs qu’il avait remboursé sa victime par un iPhone neuf dont le prévenu n’a jamais vu la couleur !
La procureure demandait quatre mois de prison ferme. Le tribunal a doublé la durée. Le prévenu devra rembourser les 759,98 € d’abus de confiance.
Les propriétaires d’un logement que le prévenu avait loué le 28 février 2021 n’ont pas tergiversé. Le 14 mars, ils ont porté plainte, après s’être rendus au domicile d’où ils ont sorti manu militari le mis en cause et sa compagne. Il leur avait pourtant fourni un relevé de compte avec un versement de 1200 € dont le patronyme est celui… d’un illustre inconnu. Il n’hésitait pas à tout mettre sur le dos de sa compagne : « Le logement, c’était pour elle, c’est elle qui s’en est occupée… » La peine requise était de quatre mois. Le tribunal a relaxé le prévenu.
Le quatrième dossier date du 6 janvier 2022 à 0 h 20. Ce matin-là, à La Baule, il est interpellé par des policiers qui ont remarqué que son véhicule n’a pas de feux à l’arrière. L’arbre cachait la forêt : il n’a pas de permis de conduire, pas d’assurance. Sa Peugeot 207, dont le certificat de cession date de la veille, n’a pas fait l’objet d’un contrôle technique. Il est en récidive de conduite sous l’emprise de stupéfiants et a un petit gramme de cannabis sur lui… Selon le parquet, « il aurait reconnu les faits, mais ne s’en serait pas formalisé ».
Là encore, la procureure demandait quatre mois de prison ferme. Le tribunal l’a suivie. Le mis en cause ne pourra pas passer son permis, avant deux ans. En effet, inscrit au code en 2015, il ne s’est encore jamais présenté à l’examen. Il devra s’acquitter d’une amende de 750 €.
Outre les condamnations financières, c’est donc une peine globale de douze mois qu’il a au-dessus de la tête.