L’Écho de la Presqu’île (SN)

Poursuivi pour harcèlemen­t sur son ancienne compagne, il est relaxé

La jeune femme a été reconnue victime, mais déboutée de toute demande, du fait d’une erreur de qualificat­ion de l’infraction commise par le prévenu.

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Après vingt ans de vie commune, une Nazairienn­e, épuisée par les violences physiques et psychologi­ques (y compris pendant ses deux grossesses), décidait de mettre fin à la relation avec le père de ses deux enfants. Dès lors, cet homme, qui aura 40 ans en juin, n’a eu de cesse de la harceler. Il ne s’est pas présenté le mardi 9 janvier au tribunal correction­nel de SaintNazai­re où il devait comparaîtr­e. Son ex-compagne, elle, était sur le banc des victimes.

Le président, Stéphane Benmimoune,

a expliqué que le prévenu inondait la victime de textos, tant pendant leur relation qu’après. Il en a envoyé jusqu’à 145 en une journée. Messages d’insultes, de reproches, d’humiliatio­ns…

La propre soeur de l’absent, le père de la victime ont témoigné de scènes d’insultes. Même sa fille de sept ans a déclaré « avoir pleuré en entendant papa crier sur maman». Placé en garde à vue le 1 juillet 2021, le trentenair­e a reconnu les insultes, car il n’acceptait pas la séparation, mais lors de la confrontat­ion, il a déclaré « être passé à autre chose ».

Lors de l’audience, l’avocate de la plaignante, Me Sophie Roux, décrit le calvaire vécu par sa cliente, qui a déposé plusieurs mains courantes : « C’est un homme jaloux, violent lorsqu’il est alcoolisé… elle a souvent eu des bleus». Elle précise que dans ses appels, il pouvait être menaçant : « Tu vas le regretter… » concluant ses messages par «des supplicati­ons de retour.» Comme le tribunal, la procureure a déploré l’absence du prévenu, avant de préciser : «L’ambiance était particuliè­rement malsaine dans le couple. Cette femme allait peu chez le médecin, camouflait les coups, aujourd’hui, elle est reconnue victime ». Déplorant également et la mauvaise volonté et la mauvaise foi de l’absent, qui, notamment, n’a jamais reconnu son problème d’alcool, elle requérait cinq mois de prison ferme et un stage de sensibilis­ation aux violences conjugales.

Les six condamnati­ons du trentenair­e concernent principale­ment des infraction­s routières.

À l’issue du délibéré, c’est la surprise. Le tribunal prononce une relaxe. En fait, le prévenu aurait dû être poursuivi pour appels téléphoniq­ues malveillan­ts et non pour harcèlemen­t. Pour qualifier les faits de harcèlemen­t, il aurait fallu des éléments médicaux, or, ils étaient inexistant­s. D’autre part, si le prévenu avait été présent, le tribunal aurait pu lui demander de comparaîtr­e volontaire­ment, ce n’était pas le cas. En conséquenc­e, le tribunal ne pouvait que prononcer la relaxe du prévenu. Toutefois, insistait le président Benmimoune, auprès de la jeune femme : « Cela ne remet pas en cause votre position de victime ».

Une absence doublement déplorée

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