L’Écho de la Presqu’île (SN)

Pour «se démerder seul», il s’adonne à un trafic de stupéfiant­s

Malgré ses dénégation­s, un Guérandais de 23 ans a été lourdement condamné mercredi 17 janvier.

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Le 25 octobre 2023, le prévenu de 23 ans demandait au tribunal correction­nel de SaintNazai­re un renvoi de sa comparutio­n immédiate pour préparer sa défense. Il était incarcéré. Près de trois mois plus tard, il intégrait de nouveau le box des accusés.

Cocaïne, héroïne, et 190 €

Ce mercredi 17 janvier, le président, Stéphane Benmimoune, expliquait que le 9 juillet 2023, des gendarmes voulant contrôler un véhicule près de la station-service du centre Leclerc à Guérande, voyaient un des cinq passagers s’enfuir… en laissant tomber une sacoche contenant de la cocaïne, de l’héroïne et 190 €. Le jeune prenait ses jambes à son cou, mais les militaires ne parvenaien­t pas à le rattraper.

Identifié, il s’avérait qu’il était souvent hébergé chez sa compagne. La perquisiti­on du logement a permis de faire main basse sur 380 €, 1 g de cocaïne et tout de matériel nécessaire au trafic de stupéfiant­s.

Si au départ, elle n’était pas très loquace, sa petite-amie a ensuite coopéré avec les enquêteurs : « Cette sacoche lui appartient, la trottinett­e aussi, il s’est mis à l’héroïne et à la cocaïne en 2023, il recevait entre six et dix personnes par jour… il achetait à un grand ».

En garde à vue, le mis en cause ne reconnaiss­ait que l’usage et la détention de drogue, et refusait de donner les codes de déverrouil­lage de ses trois téléphones.

C’était aussi le cas lors du procès.

Violation de domicile

Une sacoche d’une valeur de 1500 € tombée dans la voiture et une autre de 1350 € trouvée au domicile : « Ce sont des cadeaux », déclarait-il.

Le président se faisait insistant : « Vous êtes conscient des éléments à charge qui pèsent sur vous ? » Réponse : « J’ai rien à dire ».

Le prévenu devait aussi répondre d’une violation de domicile commise le 21 octobre

Présente à l’audience, cette victime a recadré les choses : « Il m’a demandé d’ouvrir, car il n’avait pas de badge. Il m’a mis la main sur l’épaule en me disant “Je monte chez toi, j’ai les flics au cul”. Ce jeune homme a toujours été très gentil et m’a rendu des services ». Elle ajoutait : « Je n’ai pas eu peur de lui, j’ai eu peur, parce que mon petit-fils dormait ». Du balcon, elle a fait signe aux militaires.

Pour le procureur, JeanFranço­is Héry, le jeune, dont le casier judiciaire porte déjà neuf mentions, n’est pas inséré et se trouve «dans une trajectoir­e ascendante de la délinquanc­e ». Le magistrat souligne quant à lui que : «le trafic ne fait aucun doute, les éléments à charge sont très solides ».

Échec sur échec

Me Julie Conta plaide et obtient la relaxe pour la violation de domicile.

Elle décrit le difficile parcours de ce jeune qui a vécu en famille d’accueil ou en foyer « et a dû se démerder tout seul » comme il l’a dit. Pour l’avocate : «c’est la cible idéale». Elle justifie ceci par le fait « qu’il ne peut compter sur personne et qu’il a besoin d’être mis en valeur ».

Elle compare le fléau qu’est la drogue à un arbre : « Si vous décidiez de le couper, il ne serait ni le tronc, ni les branches, mais une toute petite feuille ». Elle regrette que l’enquête ait été lacunaire : « Aucune investigat­ion sur son train de vie ». À l’échec familial, Me Conta ajoute « l’échec d’un système qui fait que tout s’arrête à 18 ans ».

Le procureur avait requis deux ans, dont six mois avec sursis probatoire. Le tribunal frappe plus fort : trois ans, dont un avec sursis probatoire. Le jeune homme à interdicti­on de paraître en Loire-Atlantique pendant deux ans. Il reste en détention et doit dire adieu à ses trois téléphones, ses sacoches, le produit et le numéraire.

Lundi 15 janvier 2024, les juges du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire ont tenté d’éclaircir les circonstan­ces d’une bagarre brumeuse entre trois individus alcoolisés survenue le premier jour de l’année dans la cité navale.

Le 1er janvier donc, vers 13 h, une habitante de la rue Descartes est contactée par son ex-conjoint, sous le prétexte fallacieux d’obtenir des cigarettes, mais surtout de régler ses comptes avec son nouveau compagnon, présent avec sa fille de 5 ans.

«Il m’avait déjà tabassé »

Accompagné d’un comparse, cet homme de 30 ans se présente à l’appartemen­t et, la porte à peine ouverte, roue de coups son « rival ».

Ce dernier, âgé de 37 ans, se relève, retourne chez lui pour s’emparer d’un couteau en céramique dans la cuisine, et ressort pour porter un coup « de haut en bas » au niveau de la tête de l’ex. Bilan pour ce dernier : une plaie à l’arrière du crâne et 3 jours d’ITT.

Des antécédent­s avec l’agresseur

Parce qu’il y a une notion de préméditat­ion, qu’il s’est servi d’une arme et qu’il est en récidive, cet homme est jugé en comparutio­n immédiate, tandis que ses deux agresseurs passeront devant le tribunal en septembre 2024.

À la barre, il exprime des regrets (« c’est parti en sucette »), mais explique avoir surtout eu peur : « Il m’avait déjà tabassé dans la rue il y a 6-7 mois ». Contredisa­nt même sa petiteamie, il assure avoir uniquement brandi la lame « parce qu’ils ne voulaient pas s’en aller ». « Il n’est tout de même pas venu s’empaler la tête sur le couteau », rétorque le président du tribunal.

Le prévenu a lui-même été blessé au tendon de la main gauche, ce qui l’empêche d’exercer son métier de maçon pendant trois mois.

«Au point d’en casser la lame»

S’est-il blessé lui-même ? « Je suis tombé par terre. Ils ont pu s’emparer du couteau», suggère-t-il. Le procureur balaie ces « molles dénégation­s » : « La légitime défense ne tient pas. Il a administré un violent coup au point d’en casser la lame ».

Pour la défense, Me Charlotte Evenat requiert la relaxe : « Pourquoi à aucun moment on ne croit la version de mon client? Il est tout de même victime d’une expédition punitive, et on se base sur le témoignage des responsabl­es. C’est quand même incroyable ! »

Le trentenair­e est malgré tout condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans comprenant une obligation de travail et de soins pour sa consommati­on d’alcool.

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