Il pillait les voitures non verrouillées : une 31e condamnation sous bracelet électronique
Le 17 janvier, se reconnaissant coupable de toute une série de vols et d’escroqueries, un quadragénaire implorait le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire de lui éviter l’incarcération. Il fera ses dix mois de prison sous bracelet électronique.
Entre le 18 septembre et le 23 décembre 2023, un Nazairien de 46 ans a multiplié des faits de vols suivis d’escroquerie, « grâce » aux cartes bancaires dérobées... uniquement pour s’acheter ses cigarettes ou sa cocaïne.
Car, s’il volait portefeuilles, sacs, sacoches trouvés dans les voitures, souvent laissées ouvertes, il jetait systématiquement les permis de conduire, cartes d’identité, et autres papiers administratifs. Il faisait la même chose avec les téléphones portables. La description des victimes, notamment celle d’un homme ayant remarqué les allers et retours du prévenu sur le parking d’un magasin de bricolage, a permis un rapprochement avec des infractions similaires. Les vidéos des magasins sont venues confirmer les soupçons des enquêteurs. Un seul véhicule a été dégradé.
Cet homme ayant rencontré une nouvelle compagne un an plus tôt, il était hébergé chez elle. De ce fait, le logement a été perquisitionné. Les enquêteurs n’ont trouvé qu’un chéquier et une carte d’identité volée.
« J’ai rendu des gens malheureux »
Le quadragénaire a été jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, mercredi 17 janvier. Aucune des quinze victimes recensées n’était présente.
Le président, Stéphane Benmimoune, lui demandant pourquoi il avait cessé ses infractions fin décembre, le prévenu, qui a fait profil bas tout au long de son procès, lui a répondu : « Je ne sais pas ce qui m’avait pris... je me suis dit que j’allais trop loin, que je rendais malheureux des gens qui n’ont rien demandé ». Le juge lui a mis les points sur les i : « Vous vous rendez compte de ce que représente le fait de se faire voler sa carte d’identité, son permis de conduire, etc. des difficultés qui s’ensuivent ? »
Le sans contact des cartes bancaires a permis au malfaiteur de nombreux achats, principalement dans les bureaux de tabac. Quant aux espèces trouvées dans les véhicules, il a martelé qu’il n’avait jamais trouvé plus de 200€ alors qu’une victime en déplore 1 000 et une autre 500. Le tribunal lui demandant également de s’expliquer sur un vol d’un ordinateur et d’une tablette, le quadragénaire rétorquait : « Je voulais les échanger contre de la cocaïne, mais la tablette m’a été volée par des gens de la Bouletterie ». « Volée », a semblé un terme peu approprié au président, qui avait évidemment notifié les 30 condamnations portées au casier judiciaire du Nazairien.
Le procureur, Jean-François Héry les a disséquées, non sans faire remarquer : « Le discours qu’il nous sert aujourd’hui, il nous l’a déjà servi ! Il a eu de la prison ferme. Les sursis probatoires n’ont pas eu le résultat escompté ». Et le magistrat de déplorer : « Il vole pour son accoutumance à la cocaïne ».
Me Astrid Bailleux souligne qu’il a tout reconnu, voire des faits pour lesquels il n’était pas poursuivi. Elle ajoute qu’il s’était tenu tranquille de 2020 à 2023, mais que ses addictions sont consécutives à une blessure à un doigt dans un accident de travail, ayant également fait un AVC. Elle souligne par ailleurs « la diminution de la gravité des faits au fil du temps ». Elle estime les réquisitions du parquet, à savoir : trois ans, dont un avec sursis probatoire, trop sévères. Son client partage son avis : « Un bracelet, beaucoup de sursis si vous voulez, mais la prison, je n’assumerai pas ».
Le tribunal les a entendus. Le prévenu est condamné à 24 mois dont 14 avec sursis probatoire, mais bénéficiera d’une surveillance électronique. Il devra se soigner et réparer ses infractions. Les intérêts civils des victimes seront débattus le 26 septembre 2024. Le prévenu a affirmé qu’il était prêt à rembourser ses victimes.