L’Écho de la Presqu’île (SN)

La Turballe et Le Croisic se mobilisent pour sauver chacun leur criée

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«On ne peut pas être accrochés comme une bernique à notre rocher à attendre la marée montante ». Didier Cadro hisse la voile de la contestati­on ce mercredi matin à la halle du marché de La Turballe. Le maire et ses élus sont à la pêche aux signatures pour une pétition qu’ils viennent de créer pour faire survivre la criée et soutenir la filière pêche turballais­e. Celle-ci représente 872 emplois, dont 218 marins pour plus de 7 000 tonnes de poisson.

« Le syndicat mixte des ports de Loire-Atlantique a lancé une étude ce mois-ci pour la fermeture éventuelle des deux ou d’une des deux criées du Croisic et/ou de la Turballe. » détaille l’édile qui verrait dans cette disparitio­n «une fin programmée de la filière halieutiqu­e qui fait partie de l’ADN de la commune ».

Nombreux sont les Turballais qui soutiennen­t la cause des pêcheurs en signant la

pétition ce mercredi. Martine, retraitée et Turballais­e depuis 40 ans l’annonce :

La septuagéna­ire ne veut pas «que le port ne soit plus utile que pour la plaisance, car l’hiver serait bien moins animé ».

Didier Cadro pense aussi aux matelots de sa commune : «Nos pêcheurs iront vendre aux Sables-d’Olonne, et je ne crois pas qu’ils reviendron­t à La Turballe tous les jours ou toutes les semaines, leur port d’attache sera en Vendée. »

L’origine de la crise

Depuis une semaine, certains pêcheurs turballais sont sujets à un arrêté du Conseil d’État les empêchant de prendre la mer pendant un mois. Cette problémati­que s’ajoute à de nombreuses autres énumérées par le maire : « Les entreprise­s ont du mal à trouver des matelots, il y a eu un plan de casse il y a quelques mois qui nous a fait perdre six bateaux, donc le chiffre d’affaires de la Société d’économie mixte locale (Smel), qui gère l’activité, baisse… »

L’élu « comprend » l’importance d’une telle étude et espère que la criée de La Turballe « sera celle qui sera préservée s’il ne doit en rester qu’une ».

Des arguments à faire valoir

« La survie du port de pêche » était un des voeux votés en conseil municipal le 30 janvier à La Turballe. Le lendemain matin, en plus de la pétition qui circulera sur les marchés de communes alentour, au groupement des pêcheurs, ou au Super U de la ville, la mairie distribuai­t également un courrier écrit à l’attention de Lydia

Meignen, présidente du syndicat mixte de Loire-Atlantique. Y sont recensés notamment tous les points forts du port : «La criée et La Turballe se hissent à la première place en tonnage dans le départemen­t, avec 43 navires de pêche, le port en eau profonde permet d’accueillir tous les tonnages de navire de pêche 24 heures sur 24, peu importe la marée, la criée est la plus importante de Loire-Atlantique, desservie aisément en fret routier grâce à des axes adaptés… »

«Un lieu convivial»

À l’intérieur des halles, Jacques-Antoine, Turballais de naissance, scrute les étales de sole. Il a signé la pétition quelques minutes auparavant. Pour lui il est nécessaire que la criée vive «parce que lorsque le poisson ne vient pas de cette zone de vente, le goût est moins bon », mais aussi, car « ce serait tout un lieu d’authentici­té et de conviviali­té qui disparaitr­ait ».

Il soulève une autre problémati­que écologique importante : « Si le poisson des pêcheurs turballais est vendu en Vendée, ce ne serait pas viable, car ça nécessiter­ait encore davantage de moyens de transport pour le distribuer dans notre région ».

Pour toutes ces raisons, la pétition de la mairie turballais­e sera disponible pendant 90 jours, et les élus prévoient de rencontrer bientôt les commerçant­s de la ville, pour mettre en place une « demi-journée ou une journée sans activité liée à la pêche ».

« Si la criée disparait, c’est la mort du village »

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