Des gifles jugées 13 ans après
Le 26 janvier, le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a jugé des faits reprochés à un Vendéen, aujourd’hui âgé de 32 ans, et qui remontent à l’année 2011, alors qu’il entretenait une relation d’un an avec une mineure. Les cinq gifles qu’il aurait assénées n’étaient qu’un aperçu de sa toxicité.
Plainte pour viol classée sans suite
Le jeune homme souffrait de schizophrénie et ne savait vraisemblablement pas que la fille avait été victime d’agression sexuelle avant leur rencontre. Alors qu’elle s’était plainte de violences, voire de viol, en mars 2012, l’affaire était classée sans suite. En 2020, le prévenu était de nouveau auditionné et cette fois, le non-lieu était partiel, et il était renvoyé devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire «uniquement pour des gifles ».
Entre temps, le prévenu est resté handicapé, après avoir été séquestré, battu, violé par une dizaine de jeunes, alors que la jeune fille (absente à l’audience) reconnaissait finalement avoir menti pour le viol. Le mis en cause «était alors parti en vrille », ce qui lui a valu une longue peine de prison, après un passage devant la cour d’Assises.
Une santé mentale stabilisée
À la barre du tribunal correctionnel le vendredi 26 janvier, le prévenu, dont la santé mentale a été stabilisée par un traitement, a reconnu les gifles et les a justifiées. Il a martelé avoir « lui aussi été victime», sans convaincre l’avocat de la partie civile, Me Jean-Éloi de Brunhorff : « Cela me met très mal à l’aise. On remet en question la parole de la plaignante, du fait de sa grande fragilité. » Le fait qu’il n’ait pas eu un seul mot de regret par rapport à cette jeune femme, qui a toujours un suivi psychologique le surprend également, de même que la procureure : « Treize ans après, il n’a pas la moindre réflexion sur son attitude inadaptée ! »
«La jeune femme commanditaire »
Du côté de la défense, la description de Me Antoine Barrière, a glacé l’auditoire : « La jeune femme a reconnu avoir été la commanditaire de son agression. Après avoir été violenté et conduit à Saint-Brévin, ce jeune homme a été balancé dans le port ». Il a recentré le débat : « Aujourd’hui, ce jeune ne justifie pas les gifles, il répond aux questions qu’on lui pose… et ce qu’on lui reproche, ce sont cinq gifles portées il y a treize ans par un schizophrène non décompensé… » Le prévenu conclut : « Les gifles, ce n’est pas normal. De là à dire que je regrette, compte tenu de ce qui s’est passé après… »
Le parquet requérait trois mois de prison ferme, le tribunal a prononcé 90 jours d’amende à 5 €. Le mis en cause devra verser 1 000 € de dommages et intérêts et 800 € de frais de justice à la victime.