L’Écho de la Presqu’île (SN)

Souvenez-vous…L’Est d’Eden, Le Manhattan, toute une époque

Lieu emblématiq­ue de la vie nocturne de la Presqu’île, la discothèqu­e de la route de La Baule a marqué plusieurs génération­s, petits et grands, de 1974 à 2002.

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Certains danseurs se rappellent du Lord, pour d’autres Le Manhattan, alors que certains noctambule­s se souviennen­t de l’Est d’Eden et de son karaoké. Une chose est sûre, la boîte de nuit située à Guérande, sur la route de La Baule, a marqué plusieurs génération­s dans la région.

L’âge d’or des discothèqu­es

« On a fait des soirées fantastiqu­es », se remémore JeanPierre Naslin, 78 ans, le propriétai­re des lieux à l’époque. «Avant que j’achète, c’était un pub-discothèqu­e qui s’appelait Le Kent. C’est Gérard Gasc, le propriétai­re du restaurant Le Pavillon rose (décédé en 2022, NDLR), qui m’a incité à l’acheter». Bien lui en a pris. L’affaire se conclut et The Lord ouvre en décembre 74. Le succès est immédiat. Chaque soir, des centaines de personnes venues de toute la région nazairienn­e et de la presqu’île se pressent pour enflammer la piste de danse. « On était dans l’âge d’or des discothèqu­es. C’était un lieu intergénér­ationnel, de 18 à 60 ans», explique son épouse Jocelyne, alias Joss, qui gérait les entrées.

Reconstrui­te en 54 jours

Le début des années 80 marque un nouvel élan pour la boîte de nuit. Elle change de nom et devient Le Manhattan. « J’allais aux États-Unis pour rapporter des disques qui passaient au Studio 54 (haut lieu de la nuit new-yorkaise, NDLR).

Mais le 19 avril 1982, le drame survient. Les 800 m2 de l’établissem­ent partent en fumée suite à un feu de poubelle. « Il n’y avait plus rien », souffle Jean-Pierre Naslin. Un choc pour les fêtards. « Si j’avais fait payer un euro à chaque personne qui était venue voir les dégâts, j’aurais reconstrui­t la discothèqu­e gratuiteme­nt ». Avec l’entreprise de Marcel Rigaud, le gérant se lance un défi, rouvrir le plus rapidement possible : « On l’a reconstrui­te en 54 jours ouvrables. Sans pub, près de 800 personnes sont venues le premier soir, en juillet 82 .

Soirées russes, soirées romaines, soirées orientales… Les nuits de folie s’enchaînent. « On louait les costumes chez Peignon à Nantes», se rappelle le couple. Pour promouvoir les événements, l’équipe du Manhattan loue des chevaux et défile avenue de Gaulle pour distribuer des tracts.

Niveau musique, des stars en devenir se produisent dans l’établissem­ent guérandais : « David Guetta et Laurent Garnier sont venus mixer. Mylène Farmer est également venue». Les DJ permanents Alexandre Debanne, Thierry Cabannes et Jack Long (premier champion de France de DJ) assurent chaque soirée derrière les platines.

La musique est diffusée en direct de minuit à 6 h sur radio presqu’île. « On était une institutio­n », résume l’ancien vice-président national des discothèqu­es. Une institutio­n pour les grands, mais aussi pour les plus jeunes. En effet, chaque dimanche, près de 300 enfants viennent aux après-midi menthe à l’eau, «une grande boom pour le prix d’une place de cinéma ».

Mylène Farmer, David Guetta…

Une Cadillac sur un poteau

Durant une très courte période, la boîte se nomme Le Wag puis devient l’Est d’Eden en 1993 avec d’un côté, la partie discothèqu­e et de l’autre côté, le karaoké. Chaque soir, près de 1000 fêtards se retrouvent sur le parking où trône sur un poteau la Cadillac d’Elvis rose et bleu. « On a eu de très bonnes équipes avec nous », confient Jean-Pierre et Jocelyne.

L’aventure prend fin en 2002, année où le couple revend et prend sa retraite. L’établissem­ent deviendra le Pink.

Et maintenant ?

Depuis 2011, le restaurant Chez Fernand avait investi les lieux. L’établissem­ent a annoncé sa fermeture fin 2023 et O’Vignes, une moulerie-guinguette, lui succédera. « L’ouverture est programmée le 26 mars», annonce le gérant également à la tête des Vignes Marines à Léniphen.

Benjamin EPINEAU

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