L’Écho de la Presqu’île (SN)

Un regard sur le portable à l’origine de la mort d’un piéton

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Le 20 octobre 2022, à 9 h 30, comme tous les matins, un résident du foyer de la Madeleine au Calvaire de Pontchâtea­u revenait de prendre son café à une centaine de mètres. Percuté par un automobili­ste, il a perdu la vie.

L’homme aujourd’hui âgé de 44 ans a été jugé le mardi 6 février par le tribunal correction­nel. La famille de la victime, un retraité alors âgé de 61 ans, n’a pas souhaité se porter partie civile et n’était pas présente à l’audience. Me Amel Maugin, avocate du prévenu, a expliqué cette attitude par le fait « que l’aspect indemnitai­re est à ce jour réglé ».

La victime, résidant au foyer d’accueil médicalisé de la Madeleine du Calvaire de Pontchâtea­u, malvoyante, se déplaçait avec une canne blanche. Selon tous les témoignage­s, du fait de ce handicap, le sexagénair­e était particuliè­rement prudent et empruntait systématiq­uement le passage pour piétons. Le quadragéna­ire, technico-commercial de SaintSébas­tien-sur-Loire,

se rendait à Herbignac. À la barre, il a reconnu : « C’est un drame absolu. Je ne l’avais pas vu avant, lorsque j’ai vu une ombre, j’ai pilé ».

La clémence du tribunal

Il reconnaît qu’il téléphonai­t lorsqu’il a reçu un double appel : « J’ai voulu voir qui c’était ». Un rapide regard vers le smartphone accroché à la ventilatio­n, et c’est le drame. Il appelle aussitôt les secours, mais hélas, malgré les tentatives de réanimatio­n, le sexagénair­e succombe d’un polytrauma­tisme thoracique et abdominal.

Ce technico-commercial itinérant conduisait depuis 23 ans, avait toujours ses douze points, effectuant entre quarante et cinquante mille kilomètres par an, sans avoir eu le moindre accident. Il estime que ce jourlà, il roulait à 55-60 km/heure. Visiblemen­t marqué, il a déclaré : « Maintenant, je vois le danger partout ».

Aux yeux de la procureure,

Marie-Céline Loubaresse, « le prévenu n’est pas un chauffard. C’est un conducteur lambda, un peu trop lambda peut-être ». Elle reconnaît « son honnêteté ».

Elle ouvre une parenthèse : « Un conducteur sur quatre dit s’être déjà fait peur en utilisant son téléphone au volant » et rappelle le triste bilan de morts sur la route : 3 402 l’an dernier.

Elle requiert huit mois de prison avec sursis, mais, estimant qu’il doit être sanctionné au niveau de son permis de conduire, demande huit mois de suspension.

Le tribunal s’en tient à la peine de prison. Le président, Stéphane Benmimoune, s’en explique : « Sachez que c’est vraiment très clément, nous avons tenu compte de votre bon comporteme­nt habituel ».

Au préalable, Me Amel Maugin avait insisté sur « le sens de la peine pour quelqu’un très fragilisé par ce regard détourné, cause d’un décès. »

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