Le Local prend de la hauteur
« C’était un café-restaurant tenu par Anne-Marie Lucas, devant le pont bascule place de l’Église. Les agriculteurs faisaient peser leur tombereau ou le bétail. Elle proposait un menu ouvrier voire des repas de famille lors des évènements. Les écoliers venaient manger avec leur besace au restaurant. » Michel Chevrier conte l’histoire de l’honorable établissement comme s’il était un de ces enfants qui montait et remontait la route de l’époque en provenance de l’école.
Une réhabilitation au coeur de la commune
Le représentant de la collégiale Le Local, propriétaire depuis octobre 2023 des lieux, en est plutôt fier de cette acquisition à l’angle de la place et de la rue du Crézelo. Pourquoi un tel achat? «Parce qu’on était dans l’impossibilité d’acheter le lieu actuel». En effet, l’espace de 30 m2 qui abrite l’activité de l’épicerie fait partie d’un ensemble immobilier plus vaste et moins adapté aux besoins du Local. Après trois ans d’existence, l’association, qui compte près de cinq cents foyers adhérents et quarantecinq bénévoles, a besoin de changer de vie et de conditions d’accueil de ses projets.
Le nouveau bâtiment sur trois niveaux sur 160 m2 obéit tout d’abord aux règles d’urbanisme et à l’histoire locale : ce qui était un commerce redevient un commerce après quarante ans d’arrêt. Durant ce temps, il fit office de maison d’habitation familiale par héritage, nourri de moments de villégiature jusqu’à l’orée des années 2020.
Ouverture espérée le 31 août prochain
Aucune transformation du lieu (qui date de 1891) n’est à réaliser, il s’agit d’une réhabilitation financièrement soutenue par de nombreux bailleurs publics et privés (quinze partenaires actuellement). Le grand chantier qui prend forme à l’intérieur abritera le siège social de l’association, au rez-de-chaussée l’épicerie puis au premier étage l’« espace de vie sociale » comprenant une cantine solidaire et l’atelier participatif de cuisine afin de confectionner des repas aux particuliers ou des paniers solidaires. À terme, une livraison à domicile en vélo-cargo est prévue dans les petits papiers de l’association. « Progressivement, l’épicerie deviendra associative et solidaire », selon la terminologie en usage. Un passage vers un agrément qui permettra ainsi au Local de s’investir davantage dans le monde de l’aide économique et sociale en continuant de privilégier la vente de produits alimentaires issus d’un circuit court, pour tout public, car «on se différenciera un petit peu afin que les gens ne soient pas étiquetés comme en situation précaire », précise Michel Chevrier.
L’espace Tiers-lieu en gestation est dans cette droite ligne de s’ouvrir à quiconque porte un intérêt aux sujets environnementaux, de santé ou sociétaux et culturels. Bientôt nommé Bretagne Tiers-lieu, il entrera dans le projet du collectif Le Local, au nom du bénévolat, de la solidarité et du lien de proximité en terre rurale.