L’Écho de la Presqu’île (SN)

Le chantier de l’Hermione s’éternise

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L’immeuble L’Estivale à Pornichet a-t-il la poisse ? En tout cas, le projet, depuis le départ, enregistre déconvenue sur déconvenue. Pourtant, sur le papier, ce programme immobilier de 35 appartemen­ts a tout pour séduire. Il est situé sur le terrain de l’ancienne gendarmeri­e maritime, à côté de la Poste et du marché, à deux pas de la plage.

Premier coup de frein : un recours devant le tribunal administra­tif de Nantes est déposé début 2016 par un conseiller municipal d’opposition qui estime que la Ville a sous-estimé le prix de vente du terrain (1,9 M€) aux Nouveaux constructe­urs (LNC). Finalement, la justice donne raison à la mairie deux ans plus tard.

La maison fissurée rachetée

Cet obstacle franchi, le projet semble désormais sur les bons rails. Fin 2018, le bâtiment qui abritait la gendarmeri­e maritime est détruit.

En septembre 2019, le chantier débute par la réalisatio­n de pieux. Mais il est rapidement stoppé, des fils électrique­s « gênant l’exécution des travaux en bonne sécurité », expliquent Les Nouveaux constructe­urs. Il faudra trois interventi­ons d’Enedis en mars, juin puis septembre 2020 pour régler le problème…

Dans la foulée, les travaux reprennent « pour finir les pieux et la paroi périphériq­ue du sous-sol », souligne le maître d’ouvrage. Mais en décembre, « lors de la réalisatio­n de la paroi », des fissures apparaisse­nt sur la maison voisine, avenue du Général de Gaulle. Une procédure de référé-préventif est ouverte, le tribunal désigne un expert qui suspend le chantier.

Reprise des travaux

« Malheureus­ement, quand nous sommes dans des schémas d’expertises juridiques, ça peut prendre des temps vraiment complèteme­nt délirants avec des études, des contre-études… », soupire Thierry Guehenneuc, le directeur régional des Nouveaux constructe­urs.

« C’était tellement long qu’à un moment donné nous avons proposé aux propriétai­res de racheter leur maison. On le fait rarement car ça mobilise trop de fonds. Mais là, en l’occurrence, il y avait une volonté de notre part de pouvoir reprendre le chantier et un souhait de la Ville qu’on puisse accélérer », explique Thierry Guehenneuc. Un deal va finir par être trouvé avec les propriétai­res de la maison «qui sera revendue en l’état dès lors que la partie gros oeuvre et façades sera réalisée. »

Depuis cet accord, le chantier a repris. « Aujourd’hui, l’intégralit­é du sous-sol a été réalisée». Mais l’entreprise qui devait prendre le relai du terrassier au plus tard après les vacances de Noël, n’est toujours pas à l’oeuvre… Avant ce nouveau contretemp­s, LNC espérait une livraison pour le premier semestre 2025.

Frédéric PROT

Le lotissemen­t de la Tournemine à Piriac (lire ci-dessous) et celui de l’Hermione dans le quartier du Guézy à La Baule ont deux points en commun : leur constructi­on s’éternise et ils ont le même promoteur, FrancelotK­hor.

L’Hermione, c’est un vaste programme immobilier de 143 logements : 71 en accession libre, 29 en accession aidée et 43 logements sociaux.

Si certains acquéreurs ont pu emménager, d’autres sont toujours dans l’attente avec des retards de livraison de parfois plus de deux ans. Fouilles archéologi­ques, Covid, entreprise­s défaillant­es… ont fait exploser le planning initial.

« Des silences incompréhe­nsibles »

Alexandra, 35 ans, primo-accédante, a réservé son bien en septembre 2021, une maison mitoyenne de 78 m2 avec un jardinet de 26 m2. Aujourd’hui, seuls les murs sont montés.

« Les organismes bancaires demandent des écrits du promoteur sur les dates prévisionn­elles afin de pouvoir proroger les offres de prêts, mais j’essuie des refus systématiq­ues de la part de Francelot. On est face à des silences incompréhe­nsibles », déplore la jeune femme qui se demande si elle ne va pas jeter l’éponge. Grâce au montant de son apport personnel, elle ne signera l’acte de vente chez le notaire que lorsque la maison sera hors d’eau-hors d’air. Du coup, elle peut encore se désister. Ce qui n’est pas le cas de cet autre acquéreur qui souhaite rester anonyme et qui se retrouve, lui, aujourd’hui « poings et mains liés ».

Face à la somme des mécontente­ments, le maire Franck Louvrier est monté au créneau. Il a reçu en tout début d’année le directeur régional de Francelot : «Je lui ai passé une soufflante et demandé qu’il fasse une réunion publique avec le calendrier précis de l’ensemble des réalisatio­ns. »

Cette réunion publique a été fixée au samedi 9 mars à 10 h 30 à la maison des associatio­ns du Guézy. Peut-être pour déminer le terrain, le maître d’ouvrage rencontre actuelleme­nt individuel­lement les futurs propriétai­res.

« Ça fait un an que le chantier n’a pas bougé à cause de l’entreprise de couverture qui a fait faillite. On nous a dit qu’un nouveau couvreur devait intervenir en février, puis, lors de cette réunion individuel­le, que ce serait finalement en mars. On s’attend à ce que ça soit avril puis mai…, lâche, désabusé, ce même acquéreur. On nous a dit tellement de choses fausses depuis le début que maintenant je ne m’y projette plus dans cette maison. Je ne vais même plus sur le chantier car ça me déprime. »

La fin en 2025 ?

«Pour l’instant, nous ne rembourson­s que les assurances des prêts. Mais nous payons le loyer de notre logement actuel, une somme que nous avions prévu de consacrer au remboursem­ent de notre crédit. Mais ce qui me fait peur surtout, c’est que lorsque la maison sera hors d’eau-hors d’air et que rien ne se passe ensuite, ce qui est le cas actuelleme­nt sur pas mal de maisons du lotissemen­t, on se retrouve pendant des mois à devoir à la fois rembourser notre prêt et payer notre loyer… »

Contacté, Francelot n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. Il a indiqué au maire qu’il projetait une livraison des derniers lots pour le premier semestre 2025.

« Je ne m’y projette plus dans cette maison »

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