L’Écho de la Presqu’île (SN)

Alizée, paraplégiq­ue et… kayakiste

En 2018, un accident sur la voie publique a laissé Alizée Chéron paralysée du bas du corps. La jeune femme pratique aujourd’hui le kayak à Pornichet.

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Alizée Chéron qui exerce la profession de sage-femme, est paraplégiq­ue et… kayakiste au sein du CKPCA (Canoé kayak Presqu’île Côte d’Amour) basé à Pornichet.

«Même sans mes jambes, avec de la volonté, une bonne dose d’humour, et bien sûr l’aide des autres, il est possible de faire du kayak tout au long de l’année ! », explique la jeune femme de 32 ans qui vient d’entrer au conseil d’administra­tion du club.

« Une évidence d’accueillir Alizée »

Le CKPCA regroupe aujourd’hui une centaine d’adhérents dont une grande partie navigue toute l’année, hiver compris. Créé voici plus de 30 ans, il a depuis le départ ouvert ses portes aux personnes handicapée­s, s’adaptant pour leur permettre de profiter des joies du canoë-kayak.

Un essai concluant

« Nous avons deux membres non-voyants qui naviguent régulièrem­ent avec nous, précise Hervé Marcault, le président du club. Ils bénéficien­t d’une boussole sonore qui les guide, et bien sûr, nous naviguons toujours au minimum en binôme. Ça a donc été une évidence d’accueillir Alizée ».

En 2018, un accident sur la voie publique la laisse paralysée du bas du corps. Sportive depuis toujours, elle reprend le sport en faisant de la musculatio­n au sein du Labsport de Saint-Nazaire, et tombe sur une affichette du club de kayak.

Déterminée, elle tente un essai : « Il a été très réussi, j’ai pu m’amuser, prendre l’air, me libérer de mon fauteuil. J’ai adoré ce moment et depuis je navigue une à deux fois par semaine dans des conditions de mer calme. »

Depuis ses débuts, la logistique s’est grandement améliorée : c’est à terre devant le local du club qu’Alizée se transfère de son fauteuil au kayak, une embarcatio­n double, un K2, dans lequel prend place un binôme. Il est ensuite installé sur un chariot à roues (bricolé par Hervé et le groupe atelier).

« Les passants nous regardent très bizarremen­t, me voyant passer tranquille­ment installée pour aller pagayer… Au début, c’était gênant, et puis maintenant, c’est drôle ! »

Le kayak est mis à l’eau et la sortie peut commencer. Au retour, opération inverse.

Alizée navigue toujours en binôme car elle peut compter sur son partenaire pour assurer la stabilité du kayak, et la propulsion. Sans l’appui de ses jambes, privée de ses muscles abdominaux, certaines techniques sont compliquée­s. En K2, elle profite de sa liberté.

« Les passants nous regardent très bizarremen­t… »

« De vrais moments de plaisir »

« Grâce à la bonne volonté des autres, c’est possible, et ça me permet de vivre de vrais moments de plaisir. »

Une sortie un peu plus complexe que les autres, certes, mais pas impossible ni rebutante.

Pour Hervé qui accompagne souvent Alizée, « c’est une dynamique de club très intéressan­te, avec une complexité qui se gère, des contrainte­s inévitable­s, mais tout le monde s’y met, et ce n’est plus un frein pour l’emmener avec nous dans nos randonnées à la journée vers Pénestin ou sur l’Erdre à Nantes, et bientôt en week-end. C’est un beau partage, et Alizée nous permet d’élargir notre horizon. Le handicap gagne du terrain dans tous les clubs de sport, il faut que ça devienne la norme. »

Sandrine Le Voëdec, correspond­ante locale

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