Yara : comment l’État veut surveiller la transformation de l’usine de production d’engrais
Le préfet de Loire-Atlantique a annoncé mardi 20 février qu’une mission avait inspecté l’usine Yara de Montoir-de-Bretagne, qui va être transformée en site de stockage. Deux arrêtés maintiennent la pression sur l’entreprise.
Depuis l’annonce de la fermeture du site de production d’engrais dans le port de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, le lundi 30 octobre 2023, on avait peu entendu parler de l’entreprise Yara. Poussée par les pouvoirs publics à entreprendre des travaux afin de respecter les normes environnementales, la direction du groupe norvégien avait déclaré vouloir finalement transformer l’usine en unité de stockage.
Et licencier 139 salariés sur un effectif de 150. Ce qui ne relâche pas du tout la pression de la préfecture sur la sécurité du site, comme le montrent deux arrêtés préfectoraux signés ce mardi 20 février 2024 et la création d’une mission spéciale pour contrôler les risques.
« Améliorer le niveau de sécurité »
Quelle est cette mission ? Une initiative du préfet, pilotée par la Direction générale de la prévention des risques (DGRP), autrement dit le ministère de la Transition écologique. Il s’agit d’«évaluer les actions à prendre en compte par l’industriel dans le cadre de son plan de transformation ». Une visite du site a été effectuée le 19 décembre 2023 et les conclusions ont été rendues le 5 février. « Le rapport détaille plusieurs recommandations et observations visant à améliorer le niveau de sécurité des installations dans la situation actuelle, mais surtout dans le cadre du plan de transformation », note la préfecture, dans un communiqué de presse.
La direction a-t-elle changé les choses depuis le 19 décembre ? C’est ce que la Dreal est venue constater sur site le 5 février. Yara a beau arguer d’un premier plan d’action donné fin janvier et « engagé certains travaux » — la Préfecture ne précise pas lesquels dans son communiqué —, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement n’a pas été totalement convaincue. Pas assez en tout cas, pour que Yara échappe à deux arrêtés préfectoraux signés le 20 février.
Les dangers de la présence d’ammoniac
Dans le premier arrêté, l’État met en exergue les dangers du stockage et de l’évacuation d’ammoniac (7 000 tonnes actuellement) avec la transformation du site de Montoirde-Bretagne. « Il n’est pas approprié de maintenir sur site, pendant une longue durée un volume de substance présentant, en cas de dégradation ou d’incident, un potentiel de dangers aussi important », note l’arrêté préfectoral.
L’État exige donc de Yara, d’ici fin mars, les résultats d’une étude technique sur l’évacuation de cet ammoniac, avec «l’analyse des risques détaillée de chacune des solutions » et « la solution qu’il retient et les raisons de son choix », avec un calendrier détaillé de mise en oeuvre.
Longue liste de non-conformités
Restent les défauts actuels du site. Et cela ne s’arrange pas, comme l’a constaté l’inspection du 5 février, qui a reporté «qu’une partie des dispositifs de désenfumage n’était pas opérationnelle ». Des manquements qui s’ajoutent à la déjà longue liste des nonconformités électriques et l’absence de justificatif de travaux. Cela a aussi été constaté pour les installations de protection contre la foudre. « L’exploitant n’est pas en mesure de justifier que les travaux correspondant à ces constats ont bien été réalisés sur le site », indique l’arrêté préfectoral.
Yara doit donc, sous trois semaines, effectuer ces vérifications et transmettre leurs justificatifs.
Rencontre entre souspréfet et élus locaux
De quoi maintenir la pression sur l’industriel. Les élus locaux devraient en savoir plus sur le plan de transformation du site lors d’une rencontre prévue ce vendredi 23 février 2024. Le sous-préfet de Saint-Nazaire, Éric de Wispelaere, doit leur présenter les conclusions de la mission DGRP « et les actions qui en découleront ».
Coralie DURAND