L’Écho de la Presqu’île (SN)

Le bassin industriel veut réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici 2030

-

La préfecture ne lâche pas la raffinerie de Donges sur la maintenanc­e et la sécurité de ses installati­ons.

Cette nouvelle mise en demeure, dans un arrêté en date du mardi 20 février, porte sur des « manquement­s » à la prévention des incendies pour plusieurs bacs de stockage de carburants situés au sud du site. Le représenta­nt de l’État somme l’industriel d’équiper « d’une détection feu dans un délai de 6 mois » chaque espace annulaire, la zone entre le bac et la double paroi de béton susceptibl­e de recueillir d’éventuelle­s fuites. De même que des dispositif­s d’arrêts du remplissag­e et de « déversemen­t automatiqu­e de mousse » en cas de détection de liquide inflammabl­e.

TotalÉnerg­ies n’a pas la même lecture de la situation pour ces équipement­s qui ont fait l’objet de « travaux d’améliorati­on de sécurité » il y a une dizaine d’années. « Les modificati­ons faites à l’époque, couplées à l’organisati­on de la raffinerie, sont de nature à assurer la maîtrise du risque », estime la direction qui a proposé aux services de la Dreal de lancer une étude « pour évaluer la pertinence de réaliser des modificati­ons complément­aires ».

TotalÉnerg­ies assure dépenser 50 millions d’euros par an pour assurer la sécurité de ses installati­ons.

Le bassin industriel de SaintNazai­re est lancé dans une ambitieuse transition énergétiqu­e aux allures de course contre la montre. L’objectif? « Réduire de 50 % les émissions sur la zone d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050 », présente Mélanie René, directrice du site Cargill de Montoirde-Bretagne, et présidente de l’Associatio­n de décarbonat­ion Loire Estuaire (Adele).

Une gageure dans ce berceau de l’aéronautiq­ue et de la constructi­on navale, où le trafic du port dépend à 70 % des énergies fossiles, avec la raffinerie et le terminal méthanier. 5, 9 Mt de CO2 sont émis tous les ans sur le territoire, et les industries en sont responsabl­es à plus de 85 %.

« Question de survie économique et sociale »

Au sein d’Adele, une structure qui regroupe aussi bien des acteurs publics (Grand port, Conseil régional, agglos de Saint-Nazaire et Savenay) que privés (1), on y croit. L’obtention en juillet 2023 du label Zone industriel­le bas carbone (Zibac) a permis de décrocher 3, 3 millions d’euros d’aides de l’État, via l’Ademe. Elles participer­ont au financemen­t, sur deux ans, d’études portant sur l’émergence de nouvelles filières, les économies d’énergie ou l’adaptation au changement climatique.

Parmi les pistes, plus ou moins avancées : le développem­ent d’un hub hydrogène bas carbone, un réseau de chaleur urbain à Saint-Nazaire alimenté notamment par la récupérati­on d’énergies industriel­les, le projet Take kare de production de e-kerozène, ou encore « GOCO2 » qui vise la captation des rejets d’une cinquantai­ne d’entreprise­s et l’enfouissem­ent du carbone en mer du Nord. Avec l’ambition, pas moins, d’absorber 75 % des émissions industriel­les de CO2 du Grand ouest.

Au-delà de l’urgence climatique, « c’est aussi une question de survie économique et sociale », a rappelé David

Samzun, président de SaintNazai­re, agglomérat­ion, lundi soir lors de la présentati­on de la démarche dans la cité navale, face à 200 acteurs économique­s et politiques du territoire. Le site industrial­o-portuaire représente 28 500 emplois directs.

(1) L’associatio­n des industriel­s Loire Estuaire regroupe Arcelor Mittal, Cargill, EDF, Elengy, Engie, Equiom, TotalEnerg­ies et Yara

Julien BOULIOU

Newspapers in French

Newspapers from France