La victime à côté d’un voleur repenti
Une fois n’est pas coutume. Le mardi 20 février, au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, à côté de son voleur de 31 ans, la victime, un homme « d’un certain âge », ne demande rien, préférant décrire ses réflexions à la suite de cette infraction.
Il explique d’abord : « Le 21 mars 2022, à 19 h 30, je retire 100€ à un distributeur de l’avenue de la République et je vois quelqu’un sur le clavier d’à côté. Je mets l’argent dans mon porte-monnaie puis dans mon manteau avec ma carte ». Un peu plus loin, il croise ce même homme : « Il me fait la conversation, mais après, je m’aperçois que je me suis fait dérober et l’argent et la carte ». La vidéosurveillance confond le voleur, un ressortissant algérien dont le casier porte déjà six condamnations.
Devant les photos qui lui sont présentées lors de sa garde à vue, le trentenaire ne se reconnaît pas. À l’audience, son attitude est différente : « Oui, c’est moi ».
La carte bancaire, dont il avait relevé le code lors du retrait des 100€, il s’en est servi. D’abord pour faire un retrait de 250€ puis pour des achats avenue de la République. Pour un premier paiement de 21, 36€. En ce qui concerne le second, la carte ayant été refusée, il a payé en espèces, « mais pas avec les 100€ car il n’y avait rien dans le porte-monnaie ».
Lors du procès, la victime s’avance à côté du prévenu et déclare : « Piquer des sous, ce n’est pas glorieux, mais ce qui me tracasse, c’est mon rapport avec cette personne... du fait de sa nationalité, étant donné l’opinion publique actuelle, cela ne favorise pas les choses... »
Il précise que la banque lui a remboursé 200€, mais que pour le reste, il ne demande rien, se portant partie civile au soutien de l’action publique. Son voisin, sorti de prison le 15 avril 2023, rétorque : « Je demande pardon pour ce que j’ai fait ». La procureure requiert cinq mois de prison. Avocat de la défense, Me Rouxel explique « la peur panique » éprouvée par le trentenaire pendant sa garde à vue. Il souligne que le père de famille n’était pas à ce moment-là dans une situation défavorable, mais que « c’est l’occasion qui a fait le larron ». Et il insiste sur le fait que cet homme travaille depuis sept mois, « ayant choisi une vie normale qui ne mène pas au tribunal ». Il estime que, devant des juges, la demande de pardon a une autre dimension que de simples regrets.
La procureure avait requis cinq mois de prison, le tribunal en a prononcé trois.
« Piquer des sous, ce n’est pas glorieux, mais... »