L’Écho de la Presqu’île (SN)

Une famille de commerçant­s violemment braquée chez elle, la peine du «meneur» réduite en appel

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La cour d’assises d’appel d’Ille-et-Vilaine a réduit jeudi 15 février la peine infligée au « meneur » du trio qui avait braqué par erreur le 10 août 2019 une famille de commerçant­s de Piriac-sur-Mer... alors qu’il croyait s’attaquer à un trafiquant de cocaïne stockant « 300 000 € » en liquide chez lui.

À visage découvert

Pour rappel, dans cette affaire, la cour d’assises de LoireAtlan­tique avait initialeme­nt condamné Nodier Ebym Bwala Muendy — décrit comme « le meneur », arrivé «en toutepuiss­ance » sur les lieux du crime et à « visage découvert » — à 20 ans de réclusion criminelle.

Les jurés étaient même allés au-delà des réquisitio­ns du parquet.

L’un des complices en fuite de Nodier Ebym Bwala Muendy avait quant à lui écopé de quinze ans de prison, et un troisième homme avait été condamné à douze ans de prison pour « complicité » : il avait désigné les lieux à son ami avant de repartir. Leurs condamnati­ons sont à présent définitive­s ; le quatrième homme, lui, n’a jamais été identifié lors de l’enquête.

« Gamin de la rue »

Mais le « meneur » n’a pas digéré la peine prononcée en première instance ni les faits qui l’ont conduit jusque là. « J’ai fait du mal à des innocents, psychologi­quement ça ne passe pas », a sans cesse répété Nodier Ebym Bwala Muendy, 35 ans, au cours des débats entamés mardi 13 février.

Ce «gamin de la rue» — qui a grandi dans le quartier de la Bottière, à Nantes, avec un père violent et sans sa mère — comparaiss­ait donc cette fois seul devant la cour d’assises d’appel d’Ille-et-Vilaine, pour réclamer une peine moindre que celle de la cour d’assises de la Loire-Atlantique.

L’accusé et ses complices étaient en fait tombés sur ce commerçant et sa famille vers 3 h du matin, alors qu’il sortait de la douche pour aller travailler.

Il avait entendu « des hurlements » et avait simplement eu le temps d’enfiler un peignoir.

Les trois hommes l’avaient ensuite mis en joue et roué de coups, notamment «à l’aide d’une crosse » : la scène avait été en partie filmée par une caméra de vidéo-surveillan­ce.

Un canon de revolver dans la bouche

Dans le bureau, alors qu’il est agenouillé, revolver posé sur la tête, il aura une phrase salvatrice pour sa famille, puisqu’elle permettra à Nodier Ebym Bwala Muendy de réaliser qu’il n’était pas à l’endroit escompté : « Je ne vais pas mourir pour 1000 € ».

Plus de quatre ans après les faits, le père de famille — qui se souvient du « froid » du canon placé dans sa bouche — a donc dû se remémorer « l’intensité » de cette nuit-là.

Il a expliqué « comprendre » l’appel de son agresseur… tout comme l’avocat général.

« Un fait rare », de son propre aveu : le représenta­nt du parquet général avait en effet lui aussi trouvé cette peine « sévère ».

Il avait ainsi plutôt requis de « 15 à 18 ans » de réclusion criminelle pour cette 35e condamnati­on de Nodier Ebym Bwala Muendy.

Durant tout son procès, le principal intéressé n’a cessé de s’excuser, de dire qu’il souhaitait construire autre chose avec sa compagne, directrice d’un restaurant venue dire aux juges combien elle croyait en sa réinsertio­n.

« Deux mondes qui ne devaient jamais se rencontrer »

«20 ans, je ne peux pas», a lâché Nodier Ebym Bwala Muendy.

Son avocat Me Sami Khankan avait donc demandé à la cour de lui « envoyer un message », après sa « sincérité », pour « le discours qu’il a eu ».

«Ces deux mondes qui ne devaient jamais se rencontrer se sont rencontrés cette nuit d’août, mais si vous ne l’entendez pas, on le perd. », a plaidé l’avocat de la défense

« La justesse apaisera tout le monde », était aussi convaincu l’avocat nantais, dont le client — incarcéré pour la première fois à 14 ans — a eu « le sentiment d’être écouté » pendant ce procès d’appel.

La cour lui a finalement infligé 17 ans de réclusion criminelle.

Agence PressPeppe­r

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