L’Écho de la Presqu’île (SN)

Après deux ans sans logement, la famille craint de se retrouver une nouvelle fois à la rue

Venus d’Europe de l’Est, un couple avec ses deux grands enfants souhaitent s’établir en France. Mais depuis leur arrivée à Saint-Nazaire, il y a près de deux ans, ils ne peuvent pas avoir de logement.

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Leurs mains tremblent un peu. Raconter leur histoire, expliquer leur situation, cette famille venue d’Europe de l’Est n’en a pas plus envie que cela. Mais le désespoir commence à prendre trop de place. Alors, dans leur français presque parfait, ils racontent.

Le couple et ses deux enfants sont arrivés en France en avril 2022, à Nantes plus précisémen­t, avec la ferme intention d’y établir leur vie, « un peu meilleure » que celle qu’ils menaient jusqu’à leur pays, dans un quotidien miné par les menaces. Dans un classeur, dans lequel ils gardent tous leurs papiers, ils montrent pourquoi, deux ans après, leur vie n’a pas tellement changé. Une feuille, ou plutôt une ligne, a scellé leur destin. Mal comprise, la question « voulez-vous être hébergés dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile», posée par l’État français, reçoit la réponse non. «À partir de là, tout s’est arrêté ».

Trois mois dans leur voiture

Avec deux demandes d’asile refusées, la famille se retrouve à la rue et enchaîne les nuits sans repos. Tous les quatre dans un studio de 15 m2. Tous les quatre, plusieurs mois dans leur voiture. « J’allais quelquefoi­s passer la nuit chez un ami pour qu’ils aient plus de place, raconte le père. Les enfants faisaient aussi cela avec leurs amis, mais pas tout le temps». Les enfants. Deux jeunes ados qui se rendent à leurs cours tous les matins, sans rien lâcher de leur situation à ceux qui les entourent.

Peu de place pour le reste

Depuis le 21 janvier et le déclenchem­ent du Plan Grand froid, la famille a pu être logée dans un hôtel par le 115. « C’est juste pour dormir ». Dans les deux chambres, les lits laissent peu de place pour le reste, manger, faire ses devoirs, vivre. « On peut faire chauffer au microondes, mais on ne peut pas cuisiner ». Le travail ? « Je fais quelques heures de ménage par mois », indique-t-elle.

Mais ça encore, la famille pourrait s’y faire. Mais les valises ne sont jamais vraiment défaites. « On est ici pour un jour, deux jours. À chaque fois, le 115 entend la fin du délai pour nous dire si on peut rester. On ne peut pas se projeter». Et le père de montrer les messages qui se succèdent sur son téléphone. Il l’a toujours à la main. « Dès qu’il vibre, j’ai un coup au coeur, j’espère que c’est bien le 115 ». Leur dernier délai : jeudi 21 mars. « On ne sait pas ce que l’on devient après ».

Malgré tout, jamais ils n’envisagent de repartir dans leur pays d’origine. Leur volonté de rester en France est toujours là - s’ils restent assez longtemps, avec des enfants scolarisés et un contrat de travail, ils pourront renouveler leur demande. En revanche, les illusions, elles, sont bien parties. « Je voyais ce grand pays, avec Liberté, Égalité, Fraternité… mais la vie en France, c’est vraiment très difficile ».

Coralie DURAND

Le portable toujours à la main pour attendre le message du 115

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