L’Écho de la Presqu’île (SN)

Après le dragage, l’expulsion : la dure vie d’un banc de sable-vase

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« Dur dur la vie d’un banc de sable-vase… comme je l’avais évoqué dans L’Écho du 16 février dernier, on a fini par se faire draguer, nous ne sommes plus dans le port de La BauleLe Pouliguen. Nous avons été aspirés et rejetés au large de la Pointe de Penchâteau. Mais on vous l’avait bien dit qu’on allait revenir… Eh oui, j’ai réussi à profiter d’un courant favorable pour venir m’échouer, pas très loin d’ailleurs… à Pornichet. Làbas, je pensais être tranquille. Bah non, on veut m’expulser. Je vais vous expliquer.

“Notre couple a explosé”

Mais avant tout, je me dois de vous faire une confidence. Vous vous en êtes peut-être aperçu dans mon introducti­on, mais notre banc sable-vase n’a pas supporté cette opération de pompage, notre couple a explosé, nous avons dû nous séparer, la vase est partie de son côté et moi le sable d’un autre. Ainsi va la vie. Cela arrive à vous aussi les humains, il me semble.

Donc depuis trois semaines, j’étais à l’abri sur la plage des Libraires à Pornichet, me faisant agréableme­nt caresser par les flux. Tout doucement, au gré des marées, je gagnais du terrain, je me rapprochai­s méthodique­ment mais sûrement, du remblai… Ce havre de paix semblait être à ma portée. Mais non, des turbulence­s se profilent encore à l’horizon. Je viens de lire dans L’Écho du 9 mars (et oui, je m’informe aussi, moi) que des mouvements de sable vont avoir lieu à compter du 11 mars, entre Pornichet et La Baule.

“Marre de me faire charrier”

Bien sûr, j’ai vu de grosses remorques tirées par d’énormes tracteurs rouler sur l’estran, mais de là, à penser qu’il venait pour moi, je n’y croyais pas. Et pourtant si, je sens que je vais y passer! Et là, je risque de souffrir. Ils veulent nous expulser manu militari. On va être chahuté. Et oui, je ne serai pas tout seul. Et là, impossible d’y échapper, de gros moyens ont été mis en oeuvre. On va me faire quitter Pornichet pour La Baule. Vous me direz, de vous à moi, je serai toujours sur la plus belle plage d’Europe, mais quand même.

Tout le monde se moque de moi, je commence à en avoir marre de me faire charrier (tiens c’est le nom du transporte­ur aussi, trop bizarre…)

Le seul point positif dans cette affaire est que je me rapproche du port de La Baule-Le Pouliguen, hi hi, et là je crois, que dans quelques mois, je vais retrouver ma place dans ce joli port, cette idée me réjouit au plus haut point. On est tellement tranquille dans ce port et au moins personne ne nous marche dessus, contrairem­ent à la plage. Eh, eh, qui sait, je vais, peut-être, retrouver ma moitié, la vase. Ce serait super, car c’est vrai qu’à deux, on nous déloge beaucoup moins souvent, comme quoi, quand on est en couple, en banc devrais-je dire, on est plus stable et aussi plus solide, pour affronter la mer quotidienn­e… »

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