Déjà condamné en 2022, il est de nouveau jugé pour agressions sexuelles
Condamné en 2022 pour des agressions sexuelles commises sur une de ses employées, cet ancien restaurateur de Guérande, âgé de 48 ans, était devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire le 12 mars pour des faits identiques commis sur la baby-sitter de ses enfants au cours de l’été 2019. La peine est également identique.
Les faits se sont déroulés avant ceux jugés le 12 avril 2022. Ils remontent en effet aux vacances d’été 2019, alors que la victime était mineure. Pourquoi n’a-t-elle porté plainte qu’en janvier 2022? Parce que « le prévenu était un ami de [son] père et qu’elle avait peur». C’est lorsque des amis ont évoqué les faits postérieurs devant elle, qu’elle a commencé à se livrer : «Il n’a pas été correct avec moi ».
Lors du procès, alors que le prévenu ne cessait de la regarder, la jeune fille est restée figée et n’a pas souhaité s’exprimer.
Rappel des faits
Alors que les parents travaillaient tard, elle gardait leur fils de 3 ans à leur domicile. Lorsqu’ils rentraient, vers minuit, le quadragénaire raccompagnait la jeune fille à son domicile. Lors de son audition, la victime a déclaré que dès le premier soir, il arrête la voiture dans un champ « pour voir les étoiles ». En fait, il la caresse par-dessus ses vêtements. Elle lui demande d’arrêter, mais il continue. Ces faits se seraient déroulés deux à trois fois par semaine, sans qu’il cherche « à aller plus loin ».
La Guérandaise a déclaré se trouver « dans un état de sidération ». Petit à petit, sa famille a remarqué qu’elle était agressive et distante avec les hommes, sans comprendre pourquoi.
À la barre, comme il l’avait fait en garde à vue, le mis en cause a contesté les faits, se disant « victime d’un complot ». S’estimant « très tactile », il a déclaré : «Chaque geste est interprété différemment en fonction de la personne… Il m’est arrivé de la prendre dans mes bras sans plus». Et il ajoute : «Ça me fait mal d’entendre des mensonges ». Un peu plus tard, il refuse de répondre : « Je laisse la parole à mon avocate ».
Fausse démarche protectrice
Cette « tendance à la victimisation » offense Me Claire Latouche, avocate de la partie civile, qui parle «d’un grand niveau d’indécence. » Elle détaille le ressenti psychologique très important de cette jeune fille qui n’avait jusque-là aucune vie sexuelle. C’est lors de sa relation avec son petit copain « que les attouchements sont remontés à son cerveau ».
Ouvrant son réquisitoire, la procureure réagit : « Je pensais qu’on en était arrivé à une reconnaissance, il n’en est rien ». Elle déplore que cette démarche protectrice de raccompagnement devienne en fait une agression sexuelle.
Aucune remise en question
Elle estime : « Pour la victime, c’est tellement irréel qu’elle pense que cela va s’arrêter. Ensuite, cela devient impossible pour elle de se libérer ». La magistrate se dit inquiète : « Cet homme est au stade zéro de la remise en question ».
Regrettant sa « posture de victime », elle précise : « Il semblerait qu’il ait envisagé de monter une association pour défendre, comme lui, les hommes accusés à tort». Elle n’oublie pas de détailler l’impact « sur une victime en dépossession de son corps». La réaction de Me Manon Leparmantier fuse : «On ne peut pas obliger ce prévenu à reconnaître des faits qu’il dit ne pas avoir commis ».
« Je suis victime d’un complot »
18 mois de prison avec sursis
Elle met dans la balance le fait que la jeune fille ait continué à travailler pour le couple, des témoignages féminins le décrivant tactile, mais par tendresse. Elle n’oublie pas de mentionner l’électrochoc qui a fait suite à la première condamnation, la dépression qui a suivi : « Sa réputation a été entachée. Il a tout perdu, travaille aujourd’hui comme salarié ».
Elle a demandé la confusion de peine. Sachant qu’en avril 2022, il a été condamné à dixhuit mois de prison avec sursis probatoire et que la procureure requérait la même peine ce mardi 12 mars, et demandait d’écarter «la confusion qui n’aurait aucun sens». Le tribunal l’a suivie.