L’Écho de la Presqu’île (SN)

Coups de couteau et de barre de fer : un ado de 16 ans lynché dans la maison familiale

Trois jeunes hommes ont été condamnés jeudi 14 mars à de lourdes peines pour la très violente agression d’un adolescent de 16 ans à Saint-Malo-de-Guersac.

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Trois hommes, âgés de 19, 22 et 23 ans, ont été condamnés jeudi 14 mars à de lourdes peines pour la très violente agression d’un adolescent de 16 ans à son domicile de SaintMalo-de-Guersac.

À 12 h 30 ce jeudi 22 juin 2023, le jeune homme était seul dans la maison familiale quand il a vu débarquer un homme cagoulé armé d’un pistolet, qui s’était glissé par un vélux. Après une empoignade, l’individu lui porte des coups de crosse à la tête avant de le tabasser avec une barre de traction ramassée sur place. Il se saisira plus tard d’un couteau pour lui porter un coup au genou.

«Il y a du stupéfiant en arrière-fond»

Avec un complice, ils vont retourner le domicile, fourrer dans un sac un butin composé de vêtements et de sacoches Gucci, d’une console PS4, ou de 1 000 € en liquide, avant de rejoindre une voiture conduite par un troisième larron. La victime avait eu le temps de s’échapper en sautant la palissade du voisin.

Comment expliquer un cambriolag­e d’une telle violence («Du sang partout dans la maison », selon la présentati­on des juges) à l’heure du déjeuner, dans ce petit bourg tranquille? «Les raisons vont rester obscures. Mais on ne va pas se mentir, il y a du stupéfiant en arrière-fond», estime la présidente du tribunal correction­nel de Saint-Nazaire. Déjà victime d’une agression à l’arme blanche quelques semaines plus tôt, l’adolescent s’était-il fait des ennemis ? Avait-il une dette de stups ? La suite des investigat­ions va donner du corps à cette hypothèse.

Un ADN retrouvé sur place va «matcher» avec un Nantais de 19 ans, au casier vierge, qui va rapidement se mettre à table. Selon ses dires, il s’était mis peu avant dans un sacré pétrin en volant à un habitant du quartier sensible de la Trébale, à SaintNazai­re, un sac contenant pour 15000 € de drogue. Retrouvé, menacé, il aurait été «mis à l’amende » : «On m’a dit de braquer deux maisons avec deux gars que je ne connaissai­s pas ».

Celui qui s’avère être le complice assure être entré avec réticence, mais a tout de même fini par porter des coups.

« J’étais dans la maison, il n’y avait pas de retour en arrière », présente-t-il, soutenant avoir été guidé par la « peur ». Le chauffeur, 23 ans, explique aussi avoir agi sous la contrainte en raison d’une dette de 5 000 €, mais liée à l’achat d’une moto, a-t-il assuré sans convaincre. « Je pensais qu’on allait récupérer des vêtements. »

Le dernier, âgé de 22 ans, est l’auteur présumé de l’essentiel des sévices. Cet habitant de Saint-Nazaire a un tout autre pedigree. Figure du trafic à la Trébale, il est également jugé pour des violences sur des policiers municipaux de Saint-Nazaire, et purge une peine de trois ans et demi de prison prononcée en août 2023 pour des violences sur sa compagne. Après avoir longtemps nié, il a reconnu son implicatio­n pendant le procès. « J’étais venu récupérer de l’argent, admet-il. Je lui ai dit que je ne lui voulais pas de mal. Mais il m’a porté les premiers coups ».

« Le récit que vous en faites est assez froid. Vous auriez pu parler d’une livraison de pizza, c’était la même chose », réagit le procureur qui s’inquiète dans ses réquisitio­ns de la « gravité vertigineu­se» des faits : «Nous sommes dans le premier niveau des règlements de compte liés à la drogue. Ils commencent tous comme cela ». Il compare l’habitant de la Trébale à un « mercenaire. Il a une mission, si ça se passe mal tant pis ».

«Un lampiste, chargé des basses besognes»

La défense s’est attachée à dégonfler un dossier à la violence «pas aussi vertigineu­se qu’on veut bien le dire. La victime n’a que 2 jours d’ITT (Interrupti­on temporaire de travail) », fait valoir Me Denis Lambert. Pour le plus impliqué, Me Morgan Loret reconnaît que son client a « perdu pied, dans un mauvais enchaineme­nt de circonstan­ces », mais décrit « un lampiste, un fusible, chargé des basses besognes ».

Ce dernier a été condamné à quatre ans de prison ferme, le complice à 30 mois, et le chauffeur à 12 mois.

Julien BOULIOU

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