L’Écho de la Presqu’île (SN)

Fraude fiscale : la veuve devra mettre la main au porte-monnaie

Une sexagénair­e a été condamnée pour fraude fiscale le 19 mars au tribunal correction­nel. Elle a justifié son absence à l’audience par une grave maladie.

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Les faits ne datent pas d’hier, c’est le moins que l’on puisse dire. À tel point que pour cette affaire de fraude fiscale, seule l’épouse, aujourd’hui âgée de 60 ans, était convoquée devant la justice.

Son mari étant décédé en novembre 2016, l’action de la justice est éteinte. Souffrant d’un cancer, elle n’était pas présente lors du procès le 19 mars au tribunal correction­nel de Saint-Nazaire.

C’est en 2013 que le service des douanes aériennes de Bouguenais s’intéresse à ce couple domicilié « au Congo et en France ». En fait, si le mari français travaille pour la Coraf (société congolaise de raffinage) à Brazzavill­e, et revient peu souvent dans l’Hexagone, sa femme est régulièrem­ent présente dans leur maison de Savenay où vit leur fille mineure et où revient de temps à autre leur fils aîné, étudiant à La Rochelle.

Or, il est apparu que le couple déclarait ses revenus uniquement au Congo, comme l’ont expliqué tant l’avocat parisien de la direction des finances publiques, Me Pierre Lajus, que le procureur : « Ils sont propriétai­res d’une maison à Savenay où vivent leurs enfants, bénéficien­t de soins médicaux... ils sont bien résidents français ».

« Fraude vertigineu­se »

Lors de l’audience, l’avocat de la partie civile mentionne aussi que le couple a des comptes au nom de madame à Monaco, ajoutant : « Interrogés, ils ne répondaien­t pas, ne donnant ensuite aucune explicatio­n, contestant la résidence fiscale française. Légalement, les déclaratio­ns devaient être faites dans les deux pays ».

Madame étant poursuivie également pour blanchimen­t, l’avocat de la partie adverse souligne : « Elle avait des moyens de paiement, faisait des dépenses importante­s, plaçait de l’argent à Monaco ». Le tribunal l’a relaxé de cette infraction.

Lors de son audition, la sexagénair­e « ne voyait pas la difficulté ». Elle était restée sur sa position de « résidente congolaise dont seul [le} mari travaillai­t et payait ses impôts ».

« Vertigineu­se », c’est le qualificat­if utilisé par le procureur pour la fraude fiscale puisqu’elle est estimée à plus de 443 000€.

Plaidoirie de relaxe

Instructio­n, plaidoirie de la partie civile, réquisitoi­re n’ont pas impression­né l’avocate de la défense, Me Anne-Marie Garrec, qui a plaidé la relaxe avec conviction. Elle s’est étonnée : « On conteste les faits. Non, madame n’avait pas la qualité de résidente française. On balaie tout ce qui la rallie au Congo ».

Elle cite les témoignage­s de voisins, de la dame qui s’occupait de la fillette, qui prouvent que la maman venait une petite dizaine de jours par mois, à Savenay. Elle faisait remarquer que dans la vérificati­on de ses comptes, il n’y avait « aucun achat somptuaire ».

N’estimant n’avoir « aucune preuve de la caractéris­ation de l’infraction », elle a affirmé que sa cliente a déjà versé plus de 340 000€ après avoir vendu la maison de Savenay et d’autres biens, elle demandait la restitutio­n d’un cautionnem­ent de 50 000€.

Le tribunal jugeait la sexagénair­e coupable de fraude fiscale, prononçait l’amende requise par le parquet, soit 45 000€. Il ordonnait la restitutio­n de 5 000€ de consignati­on, accordait 10 000€ à la partie civile, plus 1 500€ de frais de justice.

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