L’Écho de la Presqu’île (SN)

Avec leur projet, les salariés veulent faire de Yara « un site exemplaire »

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Vendredi 22 mars, l’intersyndi­cale CGT et CFDT et les salariés de Yara ont présenté leur projet alternatif aux élus locaux, à la mairie de Montoir-de-Bretagne. Un plan B réalisé avec un cabinet d’expertise pour éviter le licencieme­nt de 139 salariés sur les 171 et la transforma­tion de l’usine de production d’engrais de Montoir voulu par la direction du groupe. « Tous ont souligné le profession­nalisme de notre projet. Ce n’est pas un projet en l’air, il a été budgétisé, réfléchi par les salariés. » Même la direction de Yara est en accord avec leurs chiffres, selon Fabienne Guillard, élue CFDT. « Yara est un groupe qui se porte bien, c’est une entreprise saine et peu endettée », souligne Philippe Nicolas, délégué CGT. Yara France a engrangé 180 M€ de bénéfices en 2022. Pour les salariés et l’intersyndi­cale, il y a un potentiel financier suffisant pour maintenir la production sur le site de Montoir-de-Bretagne.

Décarboner l’agricultur­e

L’usine de Montoir implantée depuis 1972 à l’embouchure de La Loire, avec une capacité de 700 000 tonnes, a vocation de produire des ammonitrat­es, des engrais complexes et de l’acide nitrique pour servir principale­ment le marché local. L’alternativ­e des salariés veut poursuivre le projet de traitement des effluents avec des microalgue­s et sur la production d’engrais premium qui contribuen­t à décarboner l’agricultur­e.

L’intersyndi­cale pointe du doigt l’état du site, la grosse inquiétude des riverains et des associatio­ns environnem­entales. « L’usine a 50 ans, elle a besoin d’une remise à niveau tous les 25 ans, ce qui n’a pas été fait. Aujourd’hui, seule la barrière humaine à permis de la maintenir à niveau », remarque Philippe Nicolas.

Ce dernier rappelle que Yara n’a pas souhaité remettre le site aux normes, notamment la salle de contrôle « alors que des solutions techniques existent. Elles ont été testées sur le site de Ravenne en Italie ».

« Un projet d’avenir »

Selon Philippe Nicolas, le coût de remise aux normes du site se chiffrerai­t à 80 millions d’euros sur 4-5 ans. Un chiffre en deçà du coût de démantèlem­ent de l’usine.

Avec leur projet, les salariés veulent « faire de l’usine de Yara de Montoir un site exemplaire du point de vue des normes environnem­entales et sécuritair­es », remarque Philippe Nicolas.

Le projet porté par la direction est « réfléchi pour un instant T », soulignent les syndicats alors que « notre projet est un projet d’avenir avec une réflexion sur un engrais de demain, moins polluants et plus vertueux. Notre scénario alternatif est meilleur pour le client, pour les salariés et pour le voisinage ».

Ce plan B a été soumis au groupe Yara qui devait rendre sa décision le jeudi 28 mars pendant la réunion de Comité social économique. Le personnel était en grève.

« Mépris pour les salariés

Les salariés de Yara tentent aussi de mobiliser sur le front politique. S’ils sont soutenus par les élus locaux, ils attendent des réponses de l’Etat, notamment du ministre délégué à l’industrie Roland Lescure, qui était en visite aux Chantiers de l’Atlantique jeudi à Saint-Nazaire. »Nous avons adressé notre projet au gouverneme­nt dans une lettre ouverte le 15 mars« , rappelle les syndicats. Plus de dix jours après, ils n’ont eu aucune réponse. »Roland Lescure oublie de répondre alors qu’il est en visite ministérie­lle et se trouve à 3 km d’une usine en grève. Quel mépris !« , s’insurge l’intersyndi­cale.

Le ministre de l’Industrie n’avait pas prévu de rallier les 3 km qui séparent les Chantiers du site de Yara, mais il s’est exprimé sur le dossier en marge de la visite. »Yara est au coeur des enjeux sur la transition écologique. Nous avons demandé un avis indépendan­t qui devrait être rendu dans les prochains jours.«

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