L’Écho de la Presqu’île (SN)

Re-Pare veut retaper les voitures promises à la casse

Grâce à une loi inspirée par le garage solidaire de Saint-Nazaire, l’associatio­n va pouvoir retaper les voitures promises à la casse. Elles seront ensuite louées à bas coût.

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1 400 adhérents, dont 60 % de bénéficiai­res. À peine deux ans après son ouverture, le garage associatif Re-Pare est un vrai succès. « Nous avons quatre à six nouvelles demandes par jour et nous avons peu de personnes qui nous abandonnen­t », constate Jacques Malthieu, le président de l’associatio­n.

Ici, le client paie en fonction de ses revenus. Les bénéficiai­res à faibles revenus paient les réparation­s sur la base de 33 € l’heure de main-d’oeuvre contre 66 € pour les clients solidaires. « On a le matériel pour de l’entretien courant, mais aussi les grosses réparation­s. À chaque interventi­on, on ne change que ce qui est nécessaire et au meilleur prix. »

Bientôt 4 mécanicien­s

Une trentaine de bénévoles et cinq salariés dont trois mécanicien­s font tourner le garage. «On en cherche un quatrième, qui a de l’expérience et qui souhaite donner du sens à son métier, qui a envie d’être utile et de travailler pour une associatio­n », précise le président. Car l’équipe n’arrive plus à répondre à la demande. « Nous sommes à deux mois de délai aujourd’hui pour des rendez-vous d’entretien. Mais on s’adapte, en cas d’urgence, on essaie de trouver une solution. »

Le garage solidaire répare bien au-delà de la voiture. « C’est une aventure humaine. Quand on reçoit quelqu’un, on écoute les difficulté­s de nos clients. On prend le temps. Le garage solidaire permet à toutes ces personnes en difficulté de repartir, de rebondir. »

Bientôt des voitures à louer

Re-Pare, c’est aussi un lieu où on peut acheter des voitures. Le garage les récupère grâce à des dons. « On les retape et les vend à petit prix. Nous avons deux ou 3 demandes par semaine de personnes qui ont besoin de voitures. »

Après deux ans d’activité, le garage solidaire veut développer un troisième volet : celui de la location longue durée avec des loyers modestes. « Pour certains c’est compliqué de sortir 2 500 € d’un coup, là on étalerait le paiement avec des mensualité­s de 50 à 80 €. »

Mais pour pouvoir vendre et louer des voitures à bas coût, il faut des véhicules. Une loi, inspirée par l’expérience du garage de Saint-Nazaire, votée par l’Assemblée nationale le 27 mars, pourrait tout changer. «Les voitures promises à la casse seraient mises à dispositio­n pour une durée de deux ans maximum aux garages solidaires, via une convention passée avec les concession­s. »

10000 voitures par jour partent à la casse

Pour Jacques Malthieu, cette loi, c’est l’aboutissem­ent d’un long combat entamé en 2019. « J’avais rencontré la députée de l’époque, Audrey Dufeu. Elle avait déposé un amendement sur le sujet à l’Assemblée nationale, mais il avait finalement été annulé.» Le dossier est repris par par l’ancien sénateur écologiste du Morbihan,

Joël Labbé puis porté par le sénateur Jacques Fernique et la députée Marie Pochon. Cinq années sont passées. Beaucoup trop long pour le président de l’associatio­n nazairienn­e qui ne cache pas sa satisfacti­on de voir cette loi enfin votée. « Ce vote va empêcher une aberration : une dizaine de véhicules partent chaque semaine à la casse à SaintNazai­re, dont certaines sont récupérabl­es. Dans toute la France, cela représente plus de 10000 véhicules par jour. Nous avons donc des voitures qui sont en très bon état, mais qu’on envoie à la casse et, de l’autre, des clients qui roulent avec des autos en mauvais état, tombant en panne, trop chères à réparer… et qui perdent leur emploi », résume Jacques Malthieu.

Mélissa DUPIN

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