L’Écho de la Presqu’île (SN)

Cyberattaq­ue : les 5 questions que l’on se pose

Que s’est-il vraiment passé ? Après la cyberattaq­ue qui a touché son système informatiq­ue, la Ville fait le point sur les conséquenc­es. Au moins celles connues.

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1 - Que s’est-il vraiment passé dans la nuit du 9 au 10 avril ?

On en sait aujourd’hui plus sur le déroulé de la cyberattaq­ue qui a frappé les serveurs de la ville de Saint-Nazaire, mais aussi ceux de l’agglomérat­ion, de Pornichet, La Chapelle-desMarais, Donges et Montoirde-Bretagne, de la Sonadev, l’ADDRN et la Fédération des maisons de quartiers. « Il s’agit d’une cyberattaq­ue d’un système sans doute robotique », précise d’emblée le directeur des systèmes d’informatio­n, Didier Delaunois, qui a réussi à entrer dans les serveurs pour les crypter et déposer des fichiers malveillan­ts, demandant une rançon - ce que l’on appelle rançongici­el ou ransomware. « Un tiers de nos 450 serveurs ont été cryptés, mais 100 % de notre système a bien été touché. On a du mal à se représente­r quelque chose d’abstrait comme cela. C’est comme si des bâtiments de plusieurs étages avaient été détruits. On repart de zéro ».

Oubliée donc, l’image d’un « jeune hackeur derrière son écran dans sa chambre », l’attaque est systématiq­ue. La preuve, « on en compte 150 à 200 par jour ».

2 - Pourquoi la Ville de Saint-Nazaire a-t-elle été visée ?

On l’a constaté, le maire David Samzun a tout de suite été fort dans les termes : « déclaratio­n de guerre », « situation très grave »... Il n’hésite pas aujourd’hui à parler de « prise d’otages » et d’ « attaque terroriste ». « C’est une attaque liée à la situation géopolitiq­ue mondiale, destinée à déstabilis­er la ville, le pays, l’Europe ».

Une plainte a été déposée au parquet de Paris, chargé des affaires de cybercrimi­nalité, particuliè­rement relevant de cryptoviru­s.

3 - Pouvait-on éviter cette cyberattaq­ue ?

Cela s’est joué à quelques semaines... « Nous avions prévu d’installer un nouveau système de protection, utilisant l’intelligen­ce artificiel­le, explique Didier Delaunois. Ce principe de renifleur permet de détecter les comporteme­nts étranges d’un ordinateur et alerter une cellule de surveillan­ce ». Voilà plusieurs mois tout de même que le directeur avait prévenu du danger. « On voyait toutes ces attaques contre les services publics, les ministères, France Travail. On a même organisé un exercice de simulation il y a six mois, ce qui a permis aux agents de savoir comment réagir dans cette situation. Ce qui explique que lorsque c’est vraiment arrivé, tout le monde a su quoi faire ».

4 - Comment tout serat-il revenu à la normale ?

Le travail a bien sûr déjà commencé, mais il va prendre beaucoup de temps : « deux mois pour remettre en place les systèmes, deux ans pour retrouver le niveau que nous avions pour notre système informatiq­ue ». La situation évolue assez vite « avec une progressio­n plutôt positive mais il faut rester prudent », note le maire.

Pour l’instant, les ordinateur­s restent éteints, « on est retourné à la gomme, au papier et au crayon. Mais il faudra bien à un moment ressaisir informatiq­uement toutes les informatio­ns ». Les accueils physiques et téléphoniq­ues ont été rouverts mais aucun transfert n’est possible. En tout cas pour l’instant.

Et toutes les conséquenc­es n’ont pas encore été évaluées. C’est le cas par exemple pour le retard que peuvent prendre les grands projets urbanistiq­ues.

5 - Que doivent faire les habitants ?

D’abord, faire preuve de « compréhens­ion » et de « patience ». « Les services d’état-civil, de signalisat­ion de problèmes, de collectes de déchets, de listes électorale­s, de restaurant scolaire n’ont pas été touchés. En revanche, c’est bien le cas pour les rendez-vous au service urbanisme, les factures d’eau, les réservatio­ns au centre de loisirs ».

S’il semblerait qu’aucune donnée n’est été dérobée l’analyse est toujours en cours -, le maire demande quand même à toutes les personnes ayant un lien avec la Ville (espace famille, eau .... ) de changer son mot de passe et de le faire régulièrem­ent, par « principe de précaution ». La Ville, elle, « travaille à son nouveau système ».

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