L’Écho de la Presqu’île (SN)

« Je crois que j’ai tué mon copain », la tournée des bars finit dans le sang

Un homme de 54 ans a été condamné à trois ans de prison dont deux avec un sursis probatoire lundi 29 avril pour avoir gravement blessé de deux coups de couteau l’homme qui l’hébergeait à Pornichet.

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Un homme de 54 ans a été condamné lundi 29 avril 2024 pour avoir gravement blessé de deux coups de couteau l’homme qui l’hébergeait à Pornichet.

Le drame s’est produit dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril dans un appartemen­t du centre-ville de la station balnéaire, avenue Henri Sellier, à quelques encablures de la mairie. C’est le mis en cause qui a alerté lui même les secours vers 3 h 30 du matin, avant d’attendre l’arrivée de la police en bas de l’immeuble, le couteau toujours à la main. « Je crois que j’ai tué mon copain », a-t-il indiqué après avoir posé son arme à terre à la demande des forces de l’ordre. La victime a été retrouvée allongée sur le dos, inconscien­te, touchée au cou et à l’abdomen, la blessure la plus grave. Opéré en urgence de l’intestin, ce carreleur de 34 ans conserve d’importante­s séquelles, et ne s’est pas rendu au procès, « toujours en état de choc » selon sa famille.

« Il avait un regard de fou »

La soirée précédant les faits, les deux hommes avaient fait la tournée des bars de Pornichet levant le coude plus qu’à leur tour, avant de se perdre de vue. De retour à l’appartemen­t, une altercatio­n a éclaté, pour des motifs que l’un comme l’autre peinent à se remémorer. Quoiqu’il en soit, « il m’a saisi au cou, à deux mains, tout en me frappant à coups de poing. Il avait un regard de fou », témoigne le prévenu devant le tribunal de Saint-Nazaire.

Le quinquagén­aire a alors sorti un laguiole sorti de sa poche, déplié la lame de 9 cm pour porter les deux coups à son jeune ami qui avait accepté de l’héberger alors que son logement était en travaux. « Je me suis fait agresser, je suis devenu l’agresseur, puis le bourreau », se lamente ce chef d’équipe dans une entreprise de couverture, déjà condamné par le passé pour des violences avec arme. Des ecchymoses relevées sur son visage attestent des violences dont il dit avoir été victime.

Légitime défense ?

Une situation de légitime défense ? Pas du point de vue de la procureure, qui s’est penchée sur les propos tenus par le prévenu lors de son appel à police secours.

Dans un flot de paroles paniquées, il a ainsi répété à plusieurs reprises : « cela fait 30 minutes qu’il me tape alors je l’ai piqué ». « Cette scène s’inscrit dans un temps long. Il n’était pas tout le temps maintenu dans une étreinte et avait la capacité de sortir », estime Marie-Céline Loubaresse qui requiert quatre ans de prison, dont deux avec sursis, peine synonyme d’incarcérat­ion immédiate.

« La légitime peur et la crainte de mourir transparai­t dans toute la procédure », proteste pour la défense Me Denis Lambert. « Pour se soustraire aux violences, il n’a pas eu d’autre choix. Un seul coup de poing peut provoquer la mort. »

Le quinquagén­aire a écopé de trois ans de prison dont deux avec un sursis probatoire de deux ans, comprenant une obligation de soins, de travail, une interdicti­on d’entrer en contact avec la victime et de détenir une arme.

Il est sorti libre de l’audience et pourra bénéficier d’un aménagemen­t de peine.

Julien BOULIOU

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