Otez-moi d’un doute
De Carine Tardieu
Erwan, démineur breton est veuf et bientôt grandpère. Il apprend lors d’un examen anodin que son père n’est pas son père biologique. Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour celui-ci, Erwan enquête pour retrouver son géniteur. Il rencontre donc l’attachant Joseph, tandis qu’au même moment, la troublante Anna fait irruption dans sa vie… Habituée des comédies sensibles, Carine Tardieu (Du Vent dans mes mollets, la Tête de maman…) revient au meilleur de sa forme avec un film au principe original, presque désuet, mais qui emporte l’adhésion tout en douceur. Après quelques scènes hésitantes et une forte impression de déjà vu (les questionnements sur la filiation sont assez récurrents, surtout dans le cinéma français…), on se surprend à prendre chacun des personnages en affection dans cette histoire aussi peu probable que sympathique. Est-ce grâce à l’univers du déminage à la symbolique forte ? Le minéral et le végétal d’une Bretagne de carte postale ? L’interprétation irréprochable d’un casting très bien choisi, entre François Damiens et son physique imposant qui côtoie un air enfantin, la belle et rebelle Cécile de France ou encore l’adorable « petit vieux » André Wilms ? Le tourbillon de sentiment que l’on imagine dans la tête d’un papa qui apprend qu’il va devoir partager son fils ? Ôtez-moi d’un doute mêle tout cela avec beaucoup de finesse et d’humour, et malgré quelques longueurs, il offre au spectateur bien plus qu’une histoire d’amour contrariée. Sans révolutionner le genre, le long métrage de Carine Tardieu dévoile un charme surprenant et empreint de nostalgie.